EMBRUNMAN 2013 : VELO 7H27Min51Sec.
La sortie est assez étirée
jusqu’à la ligne de départ, je cours derrière mon vélo en le tenant par la
selle, la ligne est là, l’arbitre veille à ce que l’on n’enfourche pas trop tôt
sous peine de pénalité (6 min.), j’enfourche, les pieds dans les chaussures, ça
pédale doucement, je ferme les velcros, c’est bien parti, le tapis bleu
s’arrête au virage à 180° qu’on fait pour sortir du parc, j’ai froid, le type à
côté de moi me répond que lui aussi. Là, un petit bout encore à plat, puis
virage à droite pour la première cote raide, mais quelle surprise, les spectateurs
sont venus là hyper nombreux, ça ressemble aux images que j’ai des passages de
cols au tour de France avec un passage étroit laissé aux coureurs qui s’ouvre
sur leur passage. Certains donnent des tapes d’encouragement sur l’épaule ou le
postérieur, ç’est comme ça jusqu’au passage du pont au-dessus du chemin de fer.
Ca m’éclate complètement, le sourire jusqu’aux oreilles, c’est pour moi comme
un rêve éveillé.
La première partie du parcours
vélo se déroule avec une boucle de 40KM sur la rive nord du lac de Serre Ponçon
cumulant autour de 900m de dénivelée. Ca se passe super bien, encore plein de
jus, attention à ne pas trop s’enflammer. Certains me doubleront à fond les
manettes en danseuse, je reste sur mon rythme, véloce, assis en relançant dès
que la pente se calme pour garder une allure, sur les prolongateurs dès que
possible, tout de même à l’offensive. Je connais ce parcours que j’avais fait
l’année passée sur le CD, c’est plus confortable, surtout dans la descente
assez roulante mais pouvant présenter quelques pièges.
Le bord du lac est gagné
assez rapidement, un passage à contre-jour avec le lac en toile de fond est
magique. Puis, le pont pour rejoindre Savines, les quelques KM de descente puis
de plat me laissent rouler à bonne allure, les faux plats montants pour
atteindre le rondpoint des Orres s’avalent facilement. Le rond-point, j’entends
la clochette d’Ursula caractéristique, je ne peux pas la louper, puis un
« Allez Nico » fuse de la foule nombreuse à cet endroit, je me
retourne, Max & Ursula sont là, puis virage à droite, ça monte sur
Guillestre, si je les avais vu plus tôt, je me serais arrêté pour les
embrasser.
Là y a un truc qui va pas, soit la montre délire, soit…….faut calmer le jeu. Je me sens pourtant super bien, c’est sûr, on a fait que 40 bornes. Un spectateur m’indique que je suis 176
Bon, les passages vallonnés jusqu’à la maison du Roy, à l’embranchement pour aller sur Ceillac ou continuer sur Arvieux, sans être durs, imposent de toute façon un rythme plus sage. Sur le coté droit, un type vomit. punaise, c'est tôt pour ça non? Je passe en lui souhaitant un "bon courage", si ça peut l'aider. J’essaye tout en levant le pied de garder un rythme régulier et tonique, restant avec un groupe, passant tantôt devant, tantôt derrière, plusieurs coureurs ont à peu près la même allure que moi avec des profils s’affichant déjà, certains plutôt grimpeurs, d’autres plutôt rouleurs, nous permettant d’alterner dans le positionnement à l’intérieur de ce groupe. J’en profite aussi pour commencer à m’alimenter, une part de gâteau sport puis un mini jambon beurre. On discute avec certains coureurs du groupe, très mal vu par nos amis arbitres qui arriverons à nous donner un avertissement, nous ayant à l’œil pour sanctionner du drafting dans des parties ou on roule entre 15KM/H et 20KM/H. Bon, passons, ne jouons pas avec le feu et reprenons les distances règlementaires (7m en long, 3m en latéral).
La maison du Roy est
passée, on monte direction Arvieux, Brunissard ou là, pour le coup, les
pourcentages, sans que cela n’apparaisse, se renforcent. Sans être extrême,
c’est d’une régularité….fatigante. Je n’arrive pas à garder le rythme et perd
des places à gogo. Je demande à des gars plus véloces combien ils ont, pas mal
me répondent avec du 34/29 en ayant tout à gauche. J’ai un 34/27, jugé sur les
bosse Montpelliéraines comme suffisantes mais pour le coup un peu limite, et je
sais que les plus forts % sont à venir, au-dessus de Brunissard, la rampe de
lancement vers la Casse déserte me donnera raison. Les virages s’enchaînent,
pour le coup vraiment doucement. Là encore, des avions plus affûtés en
profitent pour me dépasser, je me résigne en gardant l’idée de ne pas me mettre
dans le rouge tout de suite, nous sommes au KM 86, reste encore 14km avant
l’Izoard mais surtout 102KM avant de déposer le vélo au par cet d’attaquer le
marathon. Je continue donc comme ça, cette fois droit sur les pédales, seule
position possible si je ne veux pas mettre le pied à terre. Je resterais
quasiment 3km en danseuse, usant de ma meilleure technique de grimpeur du sud =
nulle, pour arriver à terme de ces difficile lacets, avant de basculer sur la
Casse déserte où une petite descente nous attend. J’en profite pour prendre un
gel, il reste 2.5km avant les derniers lacets de l’Izoard. Cette partie du
parcours est superbe, ambiance de montagne, l’air se fait plus frais et le côté
aride est surprenant, même en connaissant l’endroit. Pas mal de monde c’est
réparti sur ces derniers lacets,
juste avant le photographe de Tintin photo est
là pour une immortalisation de notre passage. Souriez !
Les derniers lacets sont
assez vites avalés, poussé par le public nombreux et le fait de savoir qu’une
longue descente va me permettre de me refaire après la pose au col pour choper
mon sac de ravito, remplir mon bidon dans lequel j’ai simplement laissé ma
poudre isostar. Bruno sera t'il là? Le col est un endroit magique et le fait d’y parvenir me
procure une montée de frissons et une envie subite de chialer, beaucoup
d’émotion sur ces derniers 100m avant le ravito. Je me reprends en me
concentrant sur le fait de ne pas me poser trop longtemps, juste l’essentiel et
repartir. Une petite pensée pour Michel (tobesport) en me rappellant de ses conseils "fais toi plaisir". C'est ce que je fais, j'en prend plein les mirettes! Peut être 3 minutes sont donc accordées à ce passage au
ravitaillement, il fait vraiment frais, je repars pour cette looongue descente
vers Briançon.
En face , la
« skyline » des écrins est toujours là, le Pelvoux en ligne de mire,
oups attention aux premiers lacets jusqu’au refuge Napoléon. Je vais faire la
descente avec un autre gars un poil plus rapide que moi. Ca glisse tout seul,
doser les freinages et rester concentré, on pense à pas mal de trucs, avec
toujours dans le subconscient le marathon qui va suivre quand croise le panneau
100KM et que l’on sait qu’il reste encore 88KM de course. Avant Cervières, deux
flaques de sang assez énormes, de quoi s’agit il ? Ca avait l’air plutôt
frais, un concurrent ? Vite se ressaisir, a traversée de Cervières demande
un peu d’attention. Les KM qui suivent demandent aux jambes de se remettre en
mouvement, la pente se calme, la température se réchauffe d’un seul coup, et
quelques KM sont même à plat, puis, Font Christiane. Je passe devant notre
emplacement de Bivouac préféré quand on est sur Briançon, vue sur la vallée de
la Guisane, encore deux virages en épingle et hop, nous voici sur le rond point
d’entré dans Briançon.
Le public est de nouveau
assez nombreux, on va traverser rapidement la Durance pour se retrouver
sur la partie la moins agréable du
parcours, la nationale avec la circulation ouverte dans les deux sens et une
bande de 1m de large marquée par des cônes en plastic orange. C’est pas très
agréable avec l’impression de ne pas avancer quand on est à coté de voitures
qui roules à 90KM/H. UN moment, les voitures bouchonnent, on se rapproche de la
bifurcation où nous quitterons la nationale pour la départementale qui nous
amènera vers les Vignaux. Un conccurent devant moi roule moins vite, je dois le
doubler, me retourne pour faire signe à la voiture roulant au ralenti qui se
trouve légèrement en retraît que je vais aller au-delà des cônes en platic pour
doubler, là, la voiture fait hurler son moteur pour passer à ma hauteur, bras
et doigts tendus, et me jetant la moitié d’une baguette de pain à la gueule. La
voiture, une 206 rouge immatriculée dans les bouches du Rhone, s’échappe comme
ça, profitant d’une accélération de la circulation, en criant des
insultes ! Je sors de ma torpeur pour les prendre à parti et leur hurlant
de s’arrêter pour qu’on en « discute », habitué à ce genre d’actions
débiles et lâches sur mes trajets urbains vélo/taf à Montpellier. Ils déclinent
l’invitation et de barrent.
Pate d’oie à droite, la D4
me sort de ce monde de crétins pour retrouver avec grand plaisir le trajet
alpin auquel je me suis habitué. Ca monte doucement mais régulièrement jusqu’avant
les Vigneaux, l’Argentière, le parcours est vallonné, puis descendant, enfin
plat, on ne s’endort pas mais on a tendance à quitter un peu l’excitation des
KM plus sinueux sur ce parcours devenu tout à coup un peu monotone, lorsque, au
détour d’une légère courbe à droite, se dresse la cote du Pallon, je l’avais
reconnu en voiture au primptemps avec Ursula, mais là, je dois dire que je suis
surpris, à peine le temps de réagir assez vite pour tout mettre à gauche. Le
Pallon, c’est une ligne droite de deux bornes avec une inclinaison comprise
entre 12% et 15% au plus raide. Je dirais qu’en temps normal, ça passe plutôt
bien, mais là, je dirais que j’accuse le coup. Même si ça monte, je n’en ai pas
beaucoup sous le pied pour garder une allure correcte, me contentant de pédaler
sur cette distance somme toute réduite. Certains, surement boostés par un
public venu nombreux à cet endroit, tombent une dent pour attaquer en danseuse,
me laissant sur place. Je me dis qu’ils le paieront plus tard et reste sur ma
cadence en vélocité (si on peut parler de vélocité à 9KM/H). Le public pousse
quand même pas mal, je discute avec un gars se demandant si sa femme serait là
car il était en avance sur sa prévision d’horaire de passage, il est inquiet,
il me parle de ses crampes malgré son entraînement sérieux, et se fait du souci
pour le reste de la partie vélo….et du marathon. Pour ma part, même si je sens
que le jus commence à se faire discret, pas de crampes, pas mal aux jambes, la
gestion semble bonne. Les temps de passage sur mon tableau me donnent
confiance, je suis encore dans mon scénario « vert » de 7h30 au
retour à Embrun.
Passé le Pallon, la
descente sur le petit aérodrome de Saint Crépin est moyenne, les virages
ferment sérieusement. Là, j’ai l’impression d’avoir bien retrouvé le plancher
des vaches. On est sur du plat, le vent thermique c’est levé et même sans être
violent, c’est le deuxième ennemi de ce parcours vélo ou il vient remplacer la
pente. Il reste 46 KM à ce moment de la course, je les transfère sur mon
« tour du matin » à l’entraînement, ça permet de relativiser. Je me
remémore ces entraînements ou je partais avant 6h00 pour rentrer à l’heure du
petit dej., j’adore !
Bon, chemin faisant, je
retrouve mon collègue du Pallon, on se double régulièrement, ses crampes ne
s’arrangent pas. Je le laisse partir car une pose technique s’impose, une
vidange, la première depuis ce matin 5h40, faudra attendre au moins une bonne
minute pour repartir. Peu de cyclistes sont passés pendant ce temps, la course
c’est bien étirée. Je repars, plus léger, et reste vraiment cette fois bloqué
sur l’idée de ce qui reste à accomplir : La cote du Chalvet en vélo puis
le marathon.
Voici la vue sur Embrun qui
se précise, le pont neuf, ravito où je prends un bidon de flotte pour m’asperger
et le laisser aux spectateurs avant l’attaque proprement dite. Le chalvet est
connu pour être un peu la pente test de batteries avant le marathon. C’est une
pente traitre pour certains qui n’auraient pas reconnu le parcours et croyant
en avoir fini. Je suis au KM 161 et cette dernière cote de 7 km à environb 8%
présente des passages plus raides à 12%....Ma reco. Du 13 m’aura été d’un grand
secours face à ces dernières difficultés et aux mauvais conseils d’un public
donnant le sommet avec des distance erronées du genre « allez grand, plus
que 900m » là où il reste encore 2 bons KM. Bon, j’en finis avec ce
Chalvet, pas complètement pété, en mode je cours un marathon dans 10min, un
coup d’oeuil sur la montre, légèrement en avance sur mon planing, j’ai la
banane, sur le visage et dans la bouche, sachant que se sera le dernier aliment
solide avant d’attaquer du liquide sur le marathon où il est très difficile de
digérer du « lourd ».
La descente est gérée en douceur,
j’essaie de m’étirer et de me déplier et de respirer par « le
ventre ». Je passe devant le camping, le pont de la voie ferrée, les
dernières pentes avant de retrouver le parc, le public est nombreux, j’assure
mon dernier virage à gauche sur du bon goudron et à vive allure, le tapis bleu
est en vue, je défais les velcros des chaussures, en sors les pieds, la jambe
droite passe par-dessus le cadre, la ligne d’arbitres….top, pied à terre.
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