Les visages se font un peu plus tendus mais la bonne humeur est quand même assez perceptible dans l'ensemble.
Ca dure une dizaine de minutes avant un lâcher des amarres. C'est parti.
L'ambiance est zen, au lieu d'avoir une musique criante comme sur pas mal d'aires d'avant course, c'est un groupe de 5 ou 6 de danseurs qui nous accueille, une espèce de ballet mode zen qui évolue lentement sur un son apaisant.
Puis les chalumeaux recommencent de cracher l'incendie, ça chauffe dur, j'enfile ma combi, à une bonne dizaine de mètres mais j'ai l'impression qu'elle va fondre!
Je me déplace vers l'avant du bateau, m'assois et me plonge dans mes pensées, mélange de concentration et d'émotion, je projete le déroulé de la natation et du reste de la journée qui promet d' être longue!
On approche du point de "largage". Francesco prend la parole.....juste en italien, pas de traduction cette fois pour décrire un peu mieux le parcours à suivre. Avec mon voisin j'arrive quand même bien à saisir la première bouée, la deuxième....la troisième c'est la minuscule île et retour vers la T1. Depuis le pont, c'est plutôt clair, les bouées sont en fait des bateaux avec gyrophares oranges.
Le principe de guidage des coureurs, un kayak escorte le premier, il tire une grosse bouée jaune clignotante. Chacun des coureur est aussi équipé d'une petite bouée restube avec une led qui commence à clignoter dès que la bouée se mouille. Ainsi, chacun suivant l'autre, la chaîne lumineuse permettra à chacun de trouver son cheminement autour des bouées jalonnant le parcours jusqu'à l'arrivée.
Restube accroché! |
La pression monte, le son change pour un enregistrement de battements cardiaques balancés plein fer avec un "It's the final countdown de Europe (ouai....pourquoi pas?). puis un gros "PAN!"......je ne comprends pas tout de suite que c'est le départ qui est lancé non pas depuis l'eau après y avoir sauté mais depuis le bateau direct......je saute.
L'eau est d'un noir absolu, tout comme l'ensemble de ce qui m'entoure. Une pression sur le bouton "on" de la montre donne mon départ, la montre s'illumine, c'est presque éblouissant. Je nage assez tranquille, je suis en tête de flèche et cape facilement sur la première bouée. Pas de grosses claques, pas de mecs sur le dos, pas de coups de talons, la natation idéale, la densité des nageurs est faible et bientôt les écarts se font sentir. Après quelques minutes comme ça, je lève la tête, entamant une brasse pour refaire un point sur la bouée.....et, vu depuis la flotte, c'est pas aussi clair que ça, je met les lunettes sur le front......à gauche, à droite....mince, toutes les lumières de la côte sont orange, comme le gyrophare.....à là, ok, petite correction de direction vers la gauche, ça repart. Ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'en fait, je m'aperçois que je suis plutôt en tête de peloton et que du coup, les nageurs de devant sont juste......pas là pour les suivre.
Pas de bouée jaune clignotante à moins de 100 m.....va falloir se débrouiller seul. Un trou c'est créé très rapidement, il semblerait que la plupart des nageurs anticipent vraiment sur ce qui va dérouler après et que du coup le rythme est pépère.
Je me demande quand même où sont les autres, arrive la première bouée, l'odeur de gasoil du moteur du bateau au ralenti me rempli les narines...pas glop! Le tour du bâteau est fait, deuxième mise au point, brasse, lunettes sur le front.....c'est loin, j'aperçois un gyrophare, ça repart. Quelques minutes plus tard, je me tape plein fer un mec qui arrive en sens inverse, 3/4 droite (!???), puis un second, puis un troisième, ma sangle Restube fait un noeud avec la sienne....on souri, on se dépatouille, ça repart. S'en suit un long bord solitaire, ha, tiens, une bouée clignote à ma droite, un second nageur est à tribord, cool, pas tout seul et pas perdu (oui, ça paraît bizarre mais je me suis demandé à plusieurs reprises si j'étais vraiment sur le parcours) je continue, dans la même direction, dans mes pensées, essaies de me concentrer sur ma nage, dans ma bulle.
Lorsque je reprend un peu de lucidité, je refais le point, le nageur tribord est parti tout à droite (!?), je remets les lunettes sur le front.....mince, le gyrophare qur lequel je suis en train de caper est en fait celui d'un phare sur Monte Isola, la "vraie" bouée est 200 m plus à droite, ça me donne un petit coup de stress, j'accélère l'allure, vert de m'être planté et d'avoir à nager plus que prévu.....mais regagne assez rapidement le bon cap et atteins la bouée 2, maintenant cap sur "l'isoletta", il fait toujours nuit noire, la petite île est rejointe plus sereinement, celle là, on ne peu pas la manquer!
L'ambiance au passage de l'île est sur-réaliste, le château découpe une silhouette entre les grands arbres dans le sombre, une espèce de maison à la Hitchcock, terrible! Après ça, quart de tour à droite pour rejoindre Marone, la T1. Je nage maintenant parallèle au nageur tribord qui passa babord, et n'est pas si loin que ça, je suis un peu trop à droite, les premières lueurs font leur apparitions, le feu vert et rouge sur la quai sont maintenant visibles, je commence à penser à la transition, sortie de l'eau, mais tout est confus et mélangé, les idées s'entremêlent, ma positon dans le classement, est ce possible, faire rentrer de l'eau dans la combi. avant de sortir de l'eau pour mieux la quitter, mince c'est encore loin, où est le mec de gauche, la compote en vélo, le premier ravito, ha, mince, encore trop à droite, le mec de gauche, tiens un kayak, la compote en vélo, comment ça monte dans Mortirolo?, et Gavia, allé, pile dans l'axe, encore 200 m est je suis dehors, le mec de gauche, pourvu que la fermeture de la combi. ne se bloque pas, allonge, allonge, soignes ta nage ......
sortir de l'eau, je donne un coup de reins pour attaquer ma sortie de l'eau, glisse, manque me casser la figure, repars, tire sur la sangle, la combi. s'ouvre.......
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