samedi 8 juillet 2017

STONEBRIXIAMANXTRI Edition One 8 juillet 2017


Crédit photo: Paolo Ferraglio


Il y a des journées qui passent, insignifiantes, celle où la routine des jours qui se suivent t'empêche de te souvenir de ce que tu as mangé à midi....dire si elles sont prenantes.
Puis, il y a les autres, celles qui te font vibrer, celles où il se passe tellement de choses qu'il en reste des traces, traces qui demeurent le reste des jours où justement, il ne se passe pas grand chose, et ces souvenirs là, seront là pour te rappeler à quel point c'était bon, à quel point cela compte alors dans la vie de tous les jours, à quel point, ces moments finalement aussi furtifs qu'intenses, réussissent à te marquer, dans ta chair, dans ton âme.
Ca pourra paraître idiot pour certains, mal écrit pour d'autres, naïf ou je ne sais quoi....pour autant, ma plume incertaine relatera ce jour, celui d'une course pas comme les autres, le Stonebrixiaman, edition one, après l'édition zéro de l'an passé, pour que les souvenirs restent!

Pour se rafraîchir la mémoire, un départ à 4h00 du mat depuis le pont d'un bateau, pour une course qui affiche un parcours qui se compose de 3800m de natation, un parcours vélo de 175 km pour 3700m de dénivelé positif en passant une première fois par l'altitude 2621m d'altitude du Passo Gavia, puis, une course à pied typée trail de 40 km avec 2300 m de dénivelé positif qui s'achèvera à l'altitude de 2585m au Passo Paradiso.


Bonne lecture! (Suivez les onglets ci-dessous pour visionner les différents articles)




StonebrixiamanXtri 2017: Avant la course

Pour cette deuxième participation à cette course, la logistique avant course et séjour sera différente, partir de Montpellier le 05 juillet pour un voyage de 7h30 d'une seule traite en voiture. Le trafic bleu remontera via la cote d'azur, autoroute à gogo le long du littoral sur cette portion sinueuse et truffée de tunnels, sans bande d'arrêt d'urgence.....jusqu'à Gênes, ça remonte ensuite plein Nord, direction Milano puis Brescia et Lago d'Iséo.
 On arrive sur le lac par le haut, magnifique impression, on y est ! Quel paysage, presque surpris que les lieux n'aient pas changés en un an, curieux, le Monté Isola est toujours en place et avec cette vue, un flot de souvenirs qui remonte à grande vitesse.....un an que j'attends ce moment ! 

On vise le camping Saletto à Sulzano, le plus proche de l'aire de transition T1......mince, fermé ! Un panneau de chantier, le camping va faire place à un hôtel de luxe.
On se rabat sur celui dans lequel on était l'année passée après la course, le camping Cave, le mec de l'accueil semble nous reconnaître et le contact est super agréable, l'emplacement au choix s'oriente vers la première ligne tout contre le lac, les pieds dans l'eau !
Emplacement de folie, l'occasion de faire une première petite natation dans l'eau limpide du lac. Température idéale autour de 20°C. Le top !





La température de l'air, elle, est plutôt élevée et ne redescend pas sous 26°C la nuit.

Jeudi 06 juillet, profiter des lieux en famille pour une escapade VTT tranquille sur la superbe piste cyclable qui rallie Vello à Toline, ancienne route en bord de lac, suspendue à la falaise, réservée à l'usage exclusif du vélo et des piétons. Un plouf dans le lac et on retrouve nos serpents d'eau fidèles au RDV, Max adore.....il ne mettra pas un pied dans l'eau (enfin si, mais très rapide)



Le reste de la journée, c'est détente, courses, café, préparation du repas du soir et petite séance natation au coucher de soleil, le lac pour moi seul, un sentiment de liberté énorme, on teste aussi un peu la forme du moment avec une nage bien posée sur une eau calme sans courants, le feeling est bon, « profites » je me dis tout bas, ces moments là sont exceptionnels de bien être et de quiétude.


Vendredi 07 juillet, on est la veille de la course, petite rando juste derrière Sulzano, manière de se dégourdir les jambes à la fraîche. Un magasin de vélo devant lequel on passe, hop, je prends une chaîne neuve, la mienne avait pété quelques jours avant, et même si j'avais fait la réparation, son kilométrage avancé me posait un petit problème de conscience, faudrait pas qu'elle re-pète dans une montée, allez, on change.

La journée s'annonce assez chargée avec le début des réjouissances qui commence vers 16h00 pour le retrait des dossards etc....faudra ensuite préparer les sacs pour la T1, T2 avec les affaires de course à pied, le sac pour les affaires laissées au sommet du col de Gavia, préparer les rations alimentaires pour prévoir quoi, quand, où, briefing avec Ursula sur les temps de passages prévus sur le vélo à Tému, sur les portions de course à pied où elle m'accompagnera, celle ou Harald prendra le relais, le timing de son coté pour se rendre en T1 à ma sortie de l'eau avec Max, en vélo, de nuit, le calcul des temps de trajets de son coté etc....pour rejoindre Harald et Bärbel qui sont déjà sur Ponte di Legno.....beaucoup, beaucoup de choses à prévoir donc, c'est toujours un peu difficile d'arriver à penser « droit » sans que tout s'emmêle...

C'est l'heure pour moi de rejoindre la T1 afin d'aller chercher mon pac coureur, j'y vais en vélo de course, heuuuuu, où ai-je planqué mes chaussures de vélo ?

Je vide le camion, ouvre les cartons un à un.....la température commence à monter, sueur froide et palpitations......j'ai oublié mes pompes à Montpellier ! 

Il est environ 14h00, le départ de la course est dans.......14 heures ! Damned, reste plusieurs solutions, en acheter une paire sur place, trouver une âme charitable qui disposera d'une paire de trop à ma taille. Sic ! C'est la misère.
Au même moment, je reçois un sms de Roland, un autre frenchie engagé sur la course (au nombre de 15 cette année), on avait fait connaissance l'année passée et on est restés en contact. J'en profite pour lui faire part de mes déboires......oh, miracle, son grand fils, Tony, à une paire qu'il pourrait me prêter, c'est à peine croyable. Il voulait accompagner Roland sur Gavia et sacrifie sa montée en me proposant ses chaussures ! MERCI TONY!!!!!!!!!!

Bon, ce poids en moins sur la conscience, même si je stresse un peu sur le ressenti dans des chaussures qui ne sont pas les miennes et que je ne pourrais tester qu'au moment du départ en vélo demain puisque le vélo est à laisser tout à l'heure sur l'aire de transition où il passera la nuit !

Le camping est éloigné de trois Km de la T1, je finis donc par m'y rendre, il suffit de 10 minutes pour y arriver. Je découvre la T1, magnifique, installée sur la grande place communale, en bord de lac, un peu en hauteur, le sol revêtu de gazon synthétique, c'est du grand luxe !

Le retrait du Pac coureur se fait un peu plus loin, à l'entrée de l'hotel Rivalago **** où se tiendra le briefing de course à 17h30.
Je suis le tapis vert d'eau qui relie le parc de la T1 à la sortie de l'eau.....c'est tout simplement génial, la sortie de l'eau se fera sur une brèche entre deux bâtiments anciens et cheminera ensuite dans les ruelles de la ville sur quelques centaines de mètres, très très joli.....premiers moments d'émotion, on imagine forcément cette sortie de l'eau demain matin très tôt, il fera encore nuit, quel sera le feeling à ce moment là ???


J'arrive à l'hôtel Rivalago, et là c'est marrant, je suis tout de suite appréhendé par un premier coureur qui me dit avoir lu mon résumé de la course de l'an dernier, puis Stéphane, le second français engagé lui aussi sur la course l'année passée.....on est entre potes et c'est hyper agréable de ne pas être seul au départ, parachuté face à sa solitude, comme sur bon nombre de courses en solo total.
Puis vient Francesco, Monsieur Francesco devrais je dire, puisque à la base de l'organisation de la course. Les retrouvailles sont chaleureuses, l'occasion de placer mon « Ciao Gnaro », j'étais obligé ( salutation amicale typique du « Brescialand » que mon pote Simone natif de Omé, commune de Brescia, nous avait apprise quelques jours auparavant.
Ces moments là sont forts, on entre en mode course avec tous ses signaux, tous ses codes, toutes ses craintes et remises en questions, à ce moment là, pour moi et l'ensemble de ce que je croiserais, la course est déjà engagée !
Il fait chaud, très chaud, je me rapproche de la tente où se trouve le retrait du PAC coureur, « numero sete » , les bénévoles sont aux petits soins, un vas chercher les sacs transitions, l'autre s'occupe de trouver la trifonction offerte aux couleurs de la course, bleue turquoise, blanc et noir en hommage à Fausto Coppi, reprenant les couleurs de son maillot de l'époque. Elle est superbe et la qualité, un must !




Il est temps de repasser au camping pour avancer sur la préparation des sacs, le vélo devant être déposé à la T1 à 17h00 au plus tard....avec un briefing qui s'enchaîne à 17h30 à l'hôtel Rivalago, le repas devant commencer vers 19h00. Faut pas traîner !







 En effet, le temps passe en fait hyper vite et c'est au pas de course qu'on finira les derniers préparatifs, un peu à la hâte, 16h45, on quitte le camping en voiture, faudra encore trouver une place de stationnement etc. Ursula me largue au bord de la route, mon vélo et moi, il est 16h55, à peine le temps de me rendre à la T1, ouf, 17h00, mon emplacement N°7 m'attend, il est hyper confortable, large, le toucher du sol, doux.....là encore, c'est du luxe ! Le vélo est vite accroché par le bec de selle, un « bonne nuit » est lâché à ma monture.....c'est de rigueur !

 Je sors du parc, 17h10 pour me rapprocher de l'hôtel où se tiendra le briefing, un gars me demande où est le parc à vélo, grave à la bourre.....je n'étais donc pas le dernier !

Le cheminement depuis le parc à vélo jusqu'à l'hôtel emprunte un sol moquetté qui rejoint la sortie de l'eau, re-pincement au cœur, à la fois hâte d'y être et peur d'en découdre, ce mélange de stress et d'envie qui caractérise si bien les veilles de grandes courses.
Je me cale sur un ponton à l'ombre en attendant qu'Ursula et Max me rejoignent, ce qu'ils ne tardent pas à faire. C'est bientôt l'heure de rentrer pour le briefing.
La porte s'ouvre sur une salle de réception du rez-de chaussée, grande hauteur sous plafond, les rideaux drapés viennent tamiser la lumière venant des fenêtres qui donnent sur la grande terrasse à fleur d'eau, tout contre le lac. L'endroit est prestigieux et raffiné, très agréable, à vrai dire atypique pour ce genre d'occasions, empli de sportifs en shorts, tee shirts et slaps, de leurs famille ou de leurs amis accompagnateurs sur la course, il est permis (vélo) et nécessaire (course à pied) d'avoir des « supports » pour assister les athlètes inscrits tout au long de la journée de course.


Le briefing commence, les modalités du parcours et fonctionnement de la course sont décrits dans le calme, d'abord en Italien puis en Anglais......tout paraît clair, les numéros d'urgence en cas de pépin, dans le répertoire du téléphone, ready !





















Vient ensuite la cérémonie de remise des dossards où chaque athlète sera appelé pour recevoir son dossard et être shooté devant le panneau de l'épreuve......le moment est à la détente, même si sur certains des visages la tension est plus palpable que sur d'autres. Bon, je ne pense pas au 51 plus qu'à d'autres.......Arfffff ! (inside joke)















Il est maintenant temps de se diriger vers le lieu du repas, en fait divisé en deux lieux, l'hôtel restaurant « Villa Rosa » et l'hôtel Rivalago, ce que nous ne comprenons pas forcément très clairement quand on nous demande si on va manger à Villa Rosa, on répond que oui, un petit groupe se constitue, que nous 
quittons Roland et moi pour aller faire trois courses pour les sandwiches de demain dans la supérette non loin de là.....pensant avoir tout compris (là encore) de l'emplacement de la Villa Rosa......erreur, en fait on est pommés, on tourne, on retourne, on re-retourne pour arriver devant une minuscule porte sur laquelle il est écrit « réservé au personnel ». Bon, on fait quoi......le temps passe, on ne sait pas si on va trouver, et c'est au moment où je m'apprête à appeler Ursula (qui est partie avec le groupe) que la porte s'ouvre pour laisser sortir un des mecs inscrits sur la course...on est surpris, trop pour retenir la porte qui se referme....damned, pas de sonnette ! On tape à la porte, enfin, quelqu'un vient nous ouvrir en nous demandant si on court le triathlon, yes ! On à faim !
S'ouvre à nous un local ancien, plafond en croisé de voûtes recouvert de couleurs vives, des tirants métalliques entre les poteaux pour retenir la structure, on dirait comme un ancien cloître. A droite, un buffet est là qui
nous attend, mais lorsqu'on veut se servir, on s'aperçoit qu'il n'y a plus d'assiettes.....on fait le tour 5 fois du local à la recherche d'assiettes, on en trouve dehors en terrasse, ouf......et merdouille, on nous les reprend des mains aussitôt arrivés près du buffet. Il semblerait que l'on ait tapé dans des assiettes réservées à une autre clientèle, on va devoir encore patienter. Les assiettes arrivent finalement, mais il n'y a plus de pates, plus que de la salade verte et du jambon qu'on avalera un peu précipitamment car il semblerait qu'ils attendent que l'on parte pour ouvrir à la clientèle régulière du local, ce sera donc notre repas du soir à Roland et à moi......du coup, un peu light.

On retrouve la voiture sur la parking de la gare un peu plus haut, Roland me file les chaussures de vélo de Tony que j’essaie.....ben, on va dire ouai, de toute façon j'ai rien d'autre et c'est vraiment du bol (encore merci !)
Allez, direction le camping, il doit être à peu près 20h30, la nuit sera courte, dépêchons nous.
Je dormirais à la belle étoile pour ne pas déranger Ursula et Max quand je me lèverais à 2h00 du mat et pour profiter d'un peu plus de fraîcheur que dans une tente.

Il est 21h15, je m'allonge pour ce que j’espère être un court sommeil, mais un court sommeil réparateur. Il paraît que de toute façon, la dernière nuit ne compte pas, que c'est l'avant dernière qui est importante. Bon, anyway, on ferme les yeux et on ne pense plus à rien, réveil calé sur 2h00, buonanotte !

A peine les paupières fermées, j'entends du gros son qui vient depuis l'autre coté du lac, naaaaaaan, il semblerait que ce soit la fête du village de l'autre côté ou un truc du genre, ça attaque par du traditionnel avec accordéon.....avec un peu de chance, dans une heure ils vont s'arrêter ! …....le temps passe, et le son, au lieu de faiblir ou de s'arrêter, redouble d'intensité, un animateur énervé harangue son public et c'est le tout répertoire de la chanson Italienne qui défile, depuis «se bastasse una bella canzone » à des trucs plus « techno » et remets en......une misère. Les heures passent.....et je trépasse, je me dis que ce n'est pas grave, que si le système nerveux est en éveil, le corps, lui, se repose. Il est 1h15 lorsque enfin le son s'arrête, le réveil est pour dans 45 minutes, une misère.

2h00, je désenclenche le réveil avant qu'il ne sonne, je n'aurai peut être dormi qu'une demi heure.
Petit déjeuner léger, café et un bol de céréales + biscuits petit dej., je ne charge pas trop, 2 heures avant le départ, ça évite de se sentir lourd dans l’eau, le reste sera avalé sur le vélo et tout au long de la course.

2h30, la trifonction est enfilée, le sac va bientôt être bouclé, il est temps de partir, en VTT, pour rejoindre la T1. La nuit est noire, il fait toujours chaud (25°C). je choisis quand même de prendre la veste sans manches pour les poches dorsales confortables et les passages en altitude qui vont être frais.
Le cheminement pour y arriver est paisible, personne ! Je « gare » le VTT contre un candélabre, Ursula le récuperera plus tard, en passant devant en voiture sur le chemin de Ponte di Legno.
Crédit photo Stonebrixiamanxtri
L’aire de transition est bien éclairée, déjà pas mal de monde occupé à la la prépa. des affaires de la journée.
Pour ma part, le premier détail concernera la pose des chaussures qui me sont prêtées sur les pédales, clac, c’est clipsé, les cales grises ne laissent pas beaucoup de jeu latéral et je vérifie que l’on soit bien droit pour ne pas me péter un genou pendant cette longue sortie….ça a l’air bien aligné, je prends une petite clef Allen dans la trousse sous la selle…au cas où.
Stéphane et son pote Olivier, Crédit photo Paolo Ferraglio
On discute avec Stéphane qui est dossard N°4, il a un courage énorme de repartir sur cette course cette année, blessé à plusieurs reprises, il craint pour ses genoux, et, vues les cicatrices qui sont là, on dirait les genoux d'Albator......énorme respect !

Ensuite, gonfler les pneus que j’avais bien dégonflés hier pour ne pas risquer d’en exploser un avec un vélo resté en plein soleil plusieurs heures.
On discute pas mal avec les voisins de « Rac », Francesco est là avec tout le Staff. L’ambiance est sérieuse.
Je dispose les affaires que je devrais revêtir pour la partie vélo sur le guidon, veste manches courtes, dans les poches arrièrse, le coupe vent, de la nourriture, biscuits, barres. Les sandwichs sont glissés dans le sac qui se rendra au sommet du col de Gavia avec un gâteau de riz, miam miam. Je me dis que quand j’en serais là, même si il y aura un énorme morceau de fait, la course ne débutera vraiment qu’à cet instant.
La ceinture dossard est elle aussi suspendue aux cocottes du guidon, le casque, retourné sur le cintre, prêt à. Ne pas oublier la puce, cheville gauche, c'est fait !
La paire de chaussettes que je mettrai pour la partie vélo au sol…..on a fait le tour. C’est le moment d’enfiler le bas de la combinaison natation, prendre ce qu’il reste dans le sac pour nager, les bouchons pour les oreilles, les lunettes sur lesquelles je dépose une pellicule d’antibuée, le bonnet, floqué à mon prénom, N°7.
Il est temps de se diriger vers l’extérieur du parc, les sacs "Gavia" et "Perso" laissés sur les tas respectifs en sortant.
Je me dirige vers le ponton, le bateau n’est pas encore là.
Alexis Sablier et Roland Bordet du TCML. Crédit photo Paolo Ferraglio
On attend le bus. Crédit photo Daniele Pezzoni 
On se retrouve avec Roland, Xav et les autres gras du TCL (heu, gars, pardon;-D), assis à discuter. L'ambiance est détendue, pas vraiment l'impression d'y être. Quand le ronronnement d’un moteur dans le noir du lac se fait entendre..... Le carrosse arrive!

L’ambiance commence à se faire tout à coup moins rigolarde à la vue du bateau qui se prépare à accoster, des jets de flammes jaillissent tout à coup depuis le pont du bateau, l'ambiance est on ne peu plus surréelle. On commence à sentir ce point de non retour avec ce très symbolique embarquement qui se rapproche.
Les appareils photos sont nombreux à saisir ces instants qui s'effacent aussitôt vécus, les flaschs créent comme une palpitation de lucioles ici et là, de manière aléatoire.
Le ressenti au départ de ces courses est particulier, celui de vivre des moments exceptionnels…..et ils le sont !
Crédit photo Daniele Bua
L’heure de monter à bord a sonné, et, un peu à la manière de troupes en départ de mission, la colonne se forme à l’étroiture de la passerelle pour s’agglutiner, à petits pas.
Le flux des athlètes et régulier, qui les déverse un à un sur le pont du navire ! Le navire est en fait un bac transporteur de véhicules qui assure des navettes entre les différentes localités des rives du lac.
Pour autant, il prendra pour l’occasion un aspect transporteur de troupe dans mon home cinéma intérieur, grand écran vision panoramique en 3D et son THX, un must !


L’instant reste solennel, on attend frénétiquement le moment du largage des amarres, un coup de sirène (ou lai-je rêvé ?), et c’est parti……les personnes venues voir le départ sont là, nombreuses à s’écarter doucement de nous, alors que c’est nous qui quittons la terre ferme pour les eaux sombres de ce lac, d’une noirceur d’encrier, profonde, d’ailleurs, pour ceux qui ont peur des profondeurs, le lac atteint 251 m de fond max……de quoi renfermer pas mal de monstres imaginaires !

Sur le pont, après ce petit pincement de cœur, tout redevient « normal ». De la musique est diffusée et elle contribue à ce relâchement. On aurait même presque envie de slammer sur ce tube fusion, on discute avec plusieurs gars, je demande à Francesco de me fermer la combi., ça devrait me porter chance :-D
Là aussi, beaucoup de « preneurs de vues », ça shoote dans tous les sens, un cameraman me demande de faire le geste de descendre les lunettes positionnées sur mon front, comme si c'était maintenant le moment de sauter dans l’eau était venu. Je me prête au jeu avec délice, le cadrage gros plan m’amuse, j’aimerais bien voir les images plus tard.


La dérive de notre bateau dure, rythmée par les jets de flammes que crachent les trois bouches placées sur le pont. On perd un peu le sens de l’orientation, celui du temps aussi, dans cette nuit épaisse. On longe "Monte Isola" pour aller se caler dans l’axe de la très imposante (et moche) cimenterie de l’autre coté du lac. Sur Monte Isola, un gyrophare bleu semble nous suivre ( !?) Les flammes jaillissent encore et encore, même à 5/6 mètres, on a l'impression que la chaleur qu'elles dégagent pourrait faire fondre nos combinaisons néoprène ! Ursula et Max doivent être levés, et doivent voir ça depuis le camping situé à quelques kilomètres sur la rive d'en face, ça doit être un truc à voir depuis là bas!


Un coup d’œil du coté de Sulzano, je commence à comprendre ce que décrivait Francesco lors du briefing hier soir, comme la lumière d’une boite de nuit qu’il fallait viser et qu’on ne risquait pas de louper, en effet, pas de boite de nuit mais un très puissant faisceau lumineux qui balaie le ciel au droit de ce qui sera la sortie de l'eau, juste impossible de se planter ! Il suffira d’aller tout droit depuis le saut dans l’eau pour retrouver ce point lumineux éclatant. Une très belle amélioration par rapport à l’année passée ou le repérage des bouées d’un parcours en boucle était devenu paumatoire pour pas mal de monde (moi y compris).



3h50, l'ambiance se fait plus silencieuse, en tout cas pour moi, je commence à passer véritablement en mode course, concentration, le besoin de se retrouver sois même, faire abstraction de ce qui se passe autour, faire comprendre à son organisme que le moment est important, que la journée qui va suivre va être très dure. Assis sur le pont, je me renferme dans ma coquille, me projetant dans les moments qui vont arriver.....bien nager mon gars, bien nager, allonge, laisse glisser, ramène rapide......L'émotion m'envahit alors, j'émerge, il est temps de se rapprocher du bord du bateau pour le "grand saut", symbolique.





4H00, d’abord, la mise à l’eau des canoës qui assureront avec quelques autres bateaux à moteur notre sécurité. Un puis deux puis…..mince, pas trois, il se retourne aussitôt qu’il a touché l’eau et, sans jupe, se rempli d’eau. Plusieurs types s’y collent pour remonter à grand efforts le canoë plein d’eau et son pilote malchanceux. Le canoë vidé, il est temps de donner le compte à rebours, il est donné par une bande son en anglais. « ten » Les lunettes sur les yeux « nine », le palpitant monte et s’affole….. "five" ….. "For"…j’ai chaud dans ma combi,  "Three"……bien nager "Twoo", bon, là faut y aller, "One" inspirer profondément, "Zero"….Gooooooo !

     Avant la course - Natation - T1 - Vélo - T2 - Course à pied - Après la course - Race info.-

StonebrixiamanXtri 2017: Natation

Crédit photo: Andrea Gambarini





Crédit photo: Andrea Gambarini
Crédit photo: Daniele Pezzoni
Le banc de pingouins que nous sommes se jette à l'eau de façon désordonnée. Placé dans le premier rang, cela m'évitera de sauter sur d'autres mecs mais surtout de m'extirper de la masse le plus sûrement possible. Splach ! Que c'est bon!Le bruissement de l'eau, des bulles, de la fraîcheur. L'eau, plus fraîche que l'air, me fait du bien, un mouvement de ciseaux et c'est parti pour 3800m de natation. Ca brasse pas mal à coté et dans les pieds, je monte en intensité pour essayer de me décoller du banc de poissons.....et ça marche plutôt bien car dès les premiers mouvements, à ma grande surprise, je m'aperçois que personne ne suit vraiment ! Je me souvenais que l'année passée je m'étais aussi retrouvé aussi assez rapidement esseulé, mais là je suis vraiment dans les premiers, je pense avoir vu 3 ou 4 bouées jaunes (éclairées par des leds pour la sécurité des nageurs) devant, pas plus.
Crédit photo: Andrea Gambarini
Je commence à nager seul en capant sur le phare en face.....puis essayant de chopper les pieds d'un type un peu plus à droite, à environ 5m de moi, j'oblique direct et fais l'effort en pensant pouvoir me caler derrière et regagner une zone de confort, je fais l'effort, encore, encore, je vois bien quelques bulles de ci de là mais de manière très furtive, et les perds très vite. Je ne suis pas dans la traînée, il fait si noir que je distingue à peine le bout de mon bras (!) et je n'arrive en fait pas vraiment à savoir si je suis dans l'axe du gars ou pas sans relever la tête en crawl polo, et ça coûte en énergie....j'abandonne alors après peut être deux minutes l'espoir de pouvoir   coller ce mec, la course se fera donc seul !

Crédit photo: Andrea Gambarini
Je reviens à une allure qui est plus la mienne, ni trop vite, ni trop lent, sans être au taquet, je garde une bonne fréquence mais surtout je soigne mes mouvements et ma position dans l'eau, essayant de garder le niveau le pus « aérien » possible. Ces moment là sont d'une quiétude absolue, tout autour, rien, seul le bruit d'eau de ma nage et celui de ma respiration dans les oreilles, la nuit à perte de vue, avec, là bas en face, notre phare, étoile du berger que je regarde de temps en temps devant, en sortant la tête de l'eau ! Mes mains, devant, se perdent dans un tourbillon de bulles et de noirceur, au dessous, je me demande combien de mètres, centaines de mètres peut être, me séparent du fond. On se sent bien petits dans ces immensités que seule la nature sait nous donner.
Le temps semble s'être arrêté et au fond de moi même, cette petite voix qui me dit « profites de ces instants, ils sont rares et précieux ! »
La montre au poignet est réglée sur une alarme lumineuse et vibratoire au passage de chaque kilomètre, je suis en train de me demander quelle distance j'ai déjà accomplie quand s'allume la montre au poignet....1 kilomètre, toujours personne dans mes pieds ou sur les cotés, je jubile en prenant conscience que je suis peut être dans le top cinq de cette partie natatoire et continue l'effort de soigner ma nage.




Crédit photo: Andrea Gambarini
Comme c'est bon d'être là, je longe maintenant Monte Isola, j'aperçois, de manière alterné, sur chacune de mes respirations à gauche, une personne qui marche dans la rue le long du lac, éclairée par les candélabres de la rue. C'est comme si elle suivait les nageurs de loin, je me demande ce qu'elle ferait sinon entre 4h et 5h du mat. à cet endroit là......sans m'en rendre compte, mes pensées s'évadent et je perds un peu le fil de la course....pas pour longtemps ! Je sursaute littéralement lorsque un mec me passe sur le dos (!!! ???) mais qu'est ce qu'il fout là, on a le lac pour nous tous seuls et il trouve le moyen de me harponner, croisant de gauche à droite sur mon dos, je sors la tête de l'eau en marquant un arrêt pour lui gueuler dessus, il n'en tient pas compte, je repars, il se colle à ma droite, manquant me tarter à chaque mouvement. J'intensifie mon allure, vexé et interrogatif sur sa présence et sa façon de s'y prendre, énervé aussi qu'il m'ait sorti de mon état de béatitude, en totale synergie avec l'eau de ce lac, mon dauphin de Mayole, ma crique secrète du « petit Français » (* Film Le Grand Bleu).

On vient de passer le deuxième kilomètre, l'allure est passée un cran au dessus, mais je sens que je peux maintenir sans pour autant me mettre dans le rouge, j'ai encore quelques cartouches d'avance, alors je maintiens, encore et encore, il reste toujours collé à droite, je choisis de maintenir sans aller au delà, pour ne pas me cramer, et puis on verra bien !

Crédit photo: Giulia Greotti
Après peut être deux cents mètres comme ça, je le vois reculer sensiblement, je donne un petit coup d'accélérateur, paf, il lâche, je maintiens pour qu'il ne prenne pas les pieds, et oblique un poil à gauche, c'est fait, il semblerait qu'il ait vu un peu large, maintenant, il va falloir maintenir si je veux garder ma place sur cette natation, même si c'est totalement anecdotique sur ce type de course, je voulais sortir mieux que 9, ma place de l'année dernière avec une natation très moyenne.
Un coup d'oeil devant, je commence à apercevoir la rive en face, mais surtout, à droite, une pleine lune rousse énorme qui se lève, c'est hyper beau, elle reflète dans l'eau et donne un aspect encore plus irréel à la scène. Encore la petite voix dedans, et même si je suis en course, j'aimerais que ça puisse durer comme ça des lustres, c'est tellement bon !
Le kilomètre 3 vient de passer, se dire qu'on entame le dernier morceau avant de sortir de l'eau est jubilatoire, je pressens ce moment, celui où tu te rapproches de la berge, le public, la lumière, le sol, les gestes à accomplir à ce moment là, se diriger vers le parc à vélo.....ma tête est déjà dehors !
La lumière se rapproche, lentement d'abord, elle qui jusque là semblait reculer, ou presque avancer avec moi, elle se rapproche maintenant de plus en plus sensiblement. Un bateau se retrouve à ma droite, puis un drône au dessus, ça sent la fin là. Le bateau se rapproche, le flash d'un appareil photo se déclenche. 

Je nage avec la tête qui regarde en avant, de plus en plus souvent, bien caper sur la sortie dont la lumière très vive  m'éblouit maintenant totalement, je ne distingue qu'un gros halo blanc, plus rien derrière ni sur les cotés, plus que quelques mètres, je distingue des poteaux d'amarrage bleu et blanc , le fonds, la dalle en béton striée de mise à l'eau de petits bateaux, je touche, je me redresse, un gars du staff est là, son bras solide pour m'aider à me relever, à m'extirper de cette flotte dans laquelle j'étais pourtant si bien......
Crédit photo: Paolo Ferraglio

Crédit photo: Paolo Ferraglio

Z3ROD VANGUARD
Quand tu sors de l'eau 3ième avec ta #ZEROD #VANGUARD  Crédit photo: Paolo Ferraglio



La natation aura duré 57minutes 52secondes pour 4065 mètres nagés (STRAVA), un record pour moi sur cette distance à une allure de 1 min 25 secondes pour 100m ! Ce qui me placera 3 ième de la course.

    Avant la course - Natation - T1 - Vélo - T2 - Course à pied - Après la course - Race info.-