Je
pars, dans le bon sens, contrairement à 2013, halluciné par le
sentiment de forme que j'ai. C'est toujours la question que je me
pose en vélo, comment vais-je me sentir au départ de la T2 ?
Ca
part donc sur les chapeaux de roues (toute relativité comprise)
encouragé par une foule hyper dense autour du parc. La bonne idée
de l'orga. d'avoir inscrit les noms sur le dossard, ça permet à des
« Aller Nico » de fuser de toutes parts, c'est couillon,
mais c'est hyper motivant !
Je
me surprend à courir confortablement et profite à fond de cet état
de forme inattendu. Je cours, comme si je partais de la maison pour
un entraînement....la séance d'aujourd'hui sera un peu plus longue
que d'habitude, c'est ce que je me dis et me rappelle une sortie de
30 Km à pied enchaînée après 148Km de vélo costaud la veille,
ces séances clef qui nous renforcent et nous permettent de penser
que si ça l'a fait « confort » il y à deux semaine, y'a
pas de raisons pour qu'aujourd'hui ça ne paye pas. Le tour du plan
d'eau se fait rapidement, Ursula m'a rejoint d'un petit coup de
bicyclette, je lui fait part de mon embonpoint, « je fais
quoi ?, je suis à 12,5km/h de moyenne, je ralenti ? »,
elle me répond « arrêtes de parler, cours », ouai, bon,
je me dis que je vais essayer de garder le rythme sans me fatiguer
sur les parties plates, quitte à ralentir dans le montées pour
m'économiser, je prend un plaisir hallucinant à courir dans ces
conditions de forme. Tiens, le soleil fait même une apparition. Je
passe sous le pont avant d'arriver au ravito d'avant la cote chamois,
je passe le ravito. sans m'arrêter, je commence la montée en
courant.....mais après quelques dizaines de mètres, je me dis que
je ne vais peut être pas trop tirer sur la carcasse et me mets à
marcher, d'un pas tonique pour ne pas trop perdre de temps. Dans le
virage, je lève la tête, voir si les parents d’Agnès sont là,
au même moment, sa mère qui est effectivement sur le balcon me
reconnaît, c'est vraiment marrant comme circonstance, elle me jette
un « hé, c'est Nicolas, comment tu vas ? », je lui
répond par un « ah...super, cette année je le sors »,
elle me répond, « chouette, je vais le dire à Agnès (à
Changaï ce jour là) elle sera contente ». Cette petite pose
« sociale » me fait du bien, j’aborde le virage à
droite, me dis que ce n'est pas si raide et recommence à courir, et
ça court bien. En levant la t^te vers le bout de la ligne droite,
c'est Gernot que j’aperçois, il vient vers moi, me demande aussi
comment je me sens, ben au poil, j'aurais pas rêvé mieux !
Il
fait le petit bout de côte avec moi, on discute, il me lâche au
moment d'attaquer le trottoir défoncé qui mène au centre ville.
Ursula était là aussi en haut du mur, elle prend quelques photos.
Je suis aux anges, même dans mes plans les plus optimistes, je
n'aurais imaginé courir « La » cote Chamois, c'est fait,
on verra ce que se sera au deuxième semi.
Le
centre ville est toujours aussi bondé, les terrasses, même sous la
pluie, sont pleines de gens qui acclament les coureurs, les prénoms
sont criés, on est portés par ce courant d'encouragements, arrive
le tapis compteur et sa fanfare de casseroles, ce n'est plus une
course, c'est un carnaval.....demi tour à droite, on quitte ce
tumulte pour d'un coup, d'un seul, se retrouver seul de chez seul,
aurais je oublié les bouchons après la natation, je n'entends plus
rien. Un ravito à la fontaine sur la gauche, je ralenti pour chopper
un verre de boisson « énergétique » de l'orga., pas
mauvais à vrai dire, et repars, virage à gauche, on attaque une
partie facile en descente jusque sous le mur ou là par contre, la
linge droite reste à gérer, c'est long, droit, et ça remonte
légèrement pour croiser l'attaque de la cote chamois où on
obliquera à droite pour rejoindre la digue de la Durance. Une hola c'est improvisé juste avant la bascule, c'est ma petite équipe de suporters, haie royale, ça met du carburant dans le réservoir mental, attention, hop, ça tourne à gauche.
Tiens,
tintin photo est encore là, sur la droite, les pouces levés,
shoot ! C'est dans la boite.
Je
sais que la partie jusqu'à Barathier est aussi compliquée, à
nouveau la longue ligne droite jusqu'au pont neuf, je marque une pose
ravito, gâteau de riz et petit verre d'eau, je repars après
quelques secondes, profitant de mon sac à eau pour finir de
m'hydrater et tenter de ne pas garder une bouche pâteuse après ce
« dessert » sucré. Je suis heureux de pouvoir
m'alimenter normalement, c'est la clef de la réussite. Mon allure
reste correcte, je continue à courir sans trop souffrir et profites
comme il se doit de la course. Le pont neuf passé, c'est une cote
d'un bon kilomètre en plusieurs bosses entrecoupées de replats qui
commence. Là, toujours surpris, ça cours toujours, boah, si ça le
fait comme ça jusqu'à la fin, je pourrais peut être passer sous
les 13H00, hummmm, est ce possible ?
Barathier
pointe son nez, je n'ai pas marché, hors mis les brefs passages
devant les ravitos, la montre donne un 11,5km/h de moyenne, allons y
gaiement, maintenant c'est plus que de la descente jusqu'au plan
d'eau, que c'est bon !
Le
tour du plan d'eau se fait facilement aussi, les spectateurs qui y
sont toujours massés y aident sûrement, ça braille à tous va. Les
barrières encadrant la parcours de course marquent l'arrivée sur le
dernier kilomètre de ce premier semi- marathon, un tour du parc par
la droite et arrive la ligne droite d'arrivée, Stéphane Garcia
annonce le 11 ième Finisher, je passe sur la gauche, matant la
finish line avec appétit, encore un petit tour et c'est plié !
Un coup d’œil sur l a montre, 1h53 de course à pied pour ce
premier semi, un calcul rapide....si je maintiens en limitant la
casse pour ne pas dépasser les 2h10 sur le deuxième semi, je passes
sous les 13h00...Je repars toujours aussi motivé sur ce deuxième
semi, ça roule toujours, le tour du plan d'eau, passage sous le
pont, je croise Jeanne Collonge au niveau du Ravito, elle va finir
son Embrunman dans 3 kilomètres environ, elle n'a pas l'air super
bien, j'avais croisé la première féminine dans le virage du plan
d'eau après le dernier ravito (1 km environ plus tôt), et vue mon
allure...ça la place assez loin en deuxième position, dur dur pour
la tenante du record de l'épreuve, double vainqueur 2012 et 2013. La
cote chamois arrive, je sens que la fatigue pointe son nez car cette
fois, je vais la marcher en entier, discutant avec un « Mika »
qui attaque son premier semi. Le trottoir du haut arrivant, je
repars, quand même assez bien mais loin de l'état de forme du
premier tour.
Ursula
est encore là, elle part au centre ville où m'attendent Gernot,
Caroline et les filles qui attendent ce deuxième passage. A la
question « comment tu te sens » je répond que le moral
est toujours super bon mais que ça commence à tirer dans les
cannes. Le passage de la fanfare, toujours aussi chaud, le désert
juste après, toujours aussi dur, plus de gâteau de riz au ravito,
je prend ma deuxième compote et finit mon 75 cl de flotte. Je
commence à avoir le genou gauche qui pique, à gauche du tendon
rotulien, Késako, j'ai jamais mal à cet endroit !
Bon,ça
court toujours, profitant de la descente mais, Km 28, au moment où
ça remonte, au passage sous la falaise, gros coup de moins bien. Un
peu tout en même temps, la montée, le lieu (loin de tout) le genou
gauche, les mollets s'y mettent aussi, je sens la crampe de ce matin
à droite, bon, je me dis que ça va revenir mais commence à me dire
que si je ne repars pas vite je peux dire adieu à mes 13h00. L'image
que j'ai à ce moment est celle d'un pilote qui aurait entre les
mains un avion dont tous les voyants du cockpit se mettraient
subitement à clignoter, puis, progressivement à passer les un après
les autres au rouge. Je garde les commandes mais ne trouve pas la
solutions pour faire repasser les voyants au vert.... Ursula arrive,
comme par enchantement, je lui dit ce que je ressens, elle me rentre
dedans « hé, c'est normal, c'est le mur des 30, allez,
repars ! ». Je lui dis que je marche jusqu'à l'oblique à
gauche, où ça redescend.... 1 Km en marchant, c'est long....je
repars au Kilomètre 30, après avoir fait un gros bras d'honneur à
la pancarte de ce kilomètre qui m'avait fait quitter l'épreuve l'an
dernier. Ce bras d'honneur est ironique et symbolique.
Je
me devais de la faire, je l'avait pensé plusieurs fois sur mes
sessions d'entraînement cette année. Ça, c'est fait, cette fois
c'est moi qui t'ai eut !
Tintin, encore et encore là, shoote mon deuxième passage, les pouces sont cette fois rentrés, je suis dans le dur.
Bonnant
malant, ça repart, le genou fait de plus en plus mal, le haut des
épaules et la nuque aussi, c'est tellement tendu que ça brûle,
j'espère ne pas me blesser en tirant sur la bécane, on court cote à
cote comme ça avec le dossard 669, Valentin, on se dit que le petit
footing qu'il reste à faire, c'est du miel, il faut profiter des
derniers instants de cette course d'anthologie, même si c'est dur.
Je
m’étais habitué au confort d'un état de forme inattendu sur les
premier 28 Kilomètres, le reste, du coup demande au mental de faire son travail. Mais petit à petit, je sens que ça revient, les voyants passés au rouge reprennent une couleur plus sympa, je sens aussi l'arrivée qui se rapproche, les forces reviennent. Le passage sur le pont, sur ce trottoir pourrit, signe les derniers 4 kilomètres de plat, aller, un dernier « U turn », ça passe au ravito, un arrêt coca, ça repart doucement en marchant d'abord jusque sous le
pont, puis ça recourt, ça recourt de mieux en mieux même. Arrivé au dernier ravito, deuxième coca, Valentin me dit de
ne pas l'attendre, j'insiste une fois puis m'en vais, il me dit ne
plus en pouvoir, aller, à +, après la finihsline. Les deux dernier
kilomètres, c'est la fin, se sont les dernières minutes de course,
je voudrait presque le crier à qui veut l'entendre « j'ai
fini, plus que bornes », plus que 2 bornes à savourer le
bonheur d'avoir fait cette course, avec des conditions pas faciles au
niveau météo, d'être passé à travers et d'être là, se sentir
vivant comme jamais. Les barrières, je tourne à droite, attention à
la marche, je double des mecs, le tour du parc par la droite,
« profites », derniers hectomètres, aperçoit Muriel et
Léna, claque la main de Muriel, blague avec Caroline, je lui dis, "j'en ai marre, j'arrête, je finis pas", un mec derrière la barrière me prend au sérieux (!?), me dit de repartir, et comment, Ursula est sur la droite, je croyais qu'elle finirait la dernière ligne droite avec moi mais reste derrière la grille, elle prend une photo puis cours, toujours derrière la grille, elle filmera ces instants, (vidéo > https://www.youtube.com/watch?v=zeFCQs0nDZE) derniers pas vers l'arrivée de l'Embrunman, Stéphane Garcia précise qu'on est sous les 13h15, je double encore quelques mecs, un coup d’œil sur le chrono de la ligne d'arrivée, 13H13min et quelques secondes, je passe la ligne, jubile, mais que c'est bon !
Temps total de course, 13 H 13 Min. 44 Sec., 332 ième aun scratch, 145 ième Master.
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