samedi 23 septembre 2017

BEARMAN Xtrème Triathlon 2017



Bearman Triathlon Berman Xtrème Triathlon BermanXtri Compte rendu du Bearman Xtri Triathlon Vallespir

Photo: Bearman Xtri

Pour clôturer la saison, quoi de mieux qu’un bon vrai gros triathlon….. Le Bearman, première édition cette année d’un nouveau né, bien né ! 
J’avais vu la course dans le calendrier de le FFTRI il y a près d’un an et avait patiemment attendu que le site de l’organisateur dévoile enfin le parcours et le principe de course. Aussitôt vu….plongé la tête la première dans le formulaire d’inscription d’un « Xtreme » à moins de deux heures de ma porte d’entrée ! 
Sur le site de la course, le concept est clair, une épreuve au format "iron", XXL pour la FFTRI, parcours sélectif avec un gros dénivelé sur la partie vélo et la course à pied. 
Un petit peu plus de piment aussi quand il est précisé qu'il se veut authentique, rude, sans ravitaillements, sans l’autorisation d’aucune assistance.
On sera prévenus, le programme s’adresse à ceux qui sont en recherche de courses atypiques, loin de la foule, du gros son, des paillettes......le Bearman nous sera livré brut ! 
Vendredi 22 Septembre, on quitte Montpellier avec Max et Ursula, le camion bleu chargé à la hâte, il faut être au check in avant 18h00 à Amélie les Bains ! 
Les pointillés filent sur l’autoroute, et le soleil cède lentement la place à un ciel gris, d’abord gris clair….puis gris foncé. Les éclairs commencent à jaillir coté Canigou que l’on ne voit plus dans ces nuages orageux très sombres. 
Le ciel s’obscurcit effectivement vraiment maintenantil fait presque nuit, vient enfin la pluie. On arrive vite sur Amélie, accompagnés, donc, par cette pluie intense d’une averse orageuse. 
Photo: Ursula Perrier
Hummm, pas terrible. Trouver le gymnase pour s’enregistrer, c’est en veste gore tex qu’on sort de la voiture, le sentiment sur place est mitigé. 
Photo: Ursula Perrier
Photo: Ursula Perrier

Ce qu’annonce la météo pour demain n’est pas très précis, plutôt assez instable…..mais comme on dit, qui vivra verra ! 
On rentre dans le gymnase qui servira de local couvert pour la T2. Cet espace sera un lieu de passage clef durant la course puisqu’il se trouve plusieurs fois sur le passage de la course, 2 fois en vélo ( Km 50 et 180)3 fois sur la course à pied (km 22, 26 et…pour l’arrivée), un peu comme une base de vie sur un ultra, on pourra s’y arrêter pour refaire le plein de nourriture ou se changer etc…. 
Photo: @Dany Perray
Les emplacements vélo sont spacieux, une chaise, une barrière, de la moquette, une température agréable….pas si pire ! 
L’enregistrement fait, il suffira maintenant de préparer les différents sacs logistiques qui accompagneront notre cheminement tout au long de la course.

Le sac pour la T1 (des affaires perso. qu’on aura sur nous avant le départ qu’on laissera en T1 + un sac pour les affaires de natations à la sortie de l’eau, à remettre en sortant du parc contre remise du GPS qui permettra de suivre ainsi l’ensemble des coureurs tout au long de la course. Ces sacs seront à prendre vides demain en T1. 
Le sac T2, affaires de course à pied, nourriture, frontale, veste coupe vent etc….ce sac est à préparer tout de suite et à laisser en T2. 
Le sac de dépose au KM 120, j’y laisse pas mal d’affaires de rechange, manchettes, jambières rainproof, sur-chaussures, au cas où on rencontrerait la pluie sur le parcours. Avec ça, un bidon plein (sirop de framboise, miam miam) + une petite boite de taboulé maison et deux sandwichs jambon fromage frais. Ce sac sera à donner à l’organisation demain matin à l’entrée dans le parc à vélo. 
Maintenant coller les étiquettes, en fait, une seule, sur le vélo. 

Il reste un peu de temps avant le briefing de 19h00, on en profite pour manger le repas du soir, car on sait qu’il faut refaire 15km en voiture pour se rendre au lac du Boulou le soir même, on y passera la nuit, et que se sera assez tard lorsqu’on arrivera là bas, et de nuit. On simplifie donc en mangeant à ce moment là. Au menu, salade de pommes de terres, un régal. 
Photo: Max Perrier
Le briefing, présentation de la course et, interminable descriptif des différents parcours etc.…..on ne restera pas jusqu’au bout, 20h30, décollage pour le Boulou. 
Photo: Ursula Perrier
Photo: Ursula Perrier


Il fait nuit, la pluie s’est arrêtée, le ciel semble vouloir se dégager. 
21h00, le camion est garé le long du lac, entre parc à vélo et départ. Reste à déployer le dispositif pour la nuit, sortir les vélos (Ursula et Max ont aussi le leur pour faire les déplacements faciles demain sur la course), installer les matelas et sacs de couchage etc, manger un bout encore. Il sera environ 22h00 lorsqu’on se couchera. 

Dehors, seul le hululement du hibou pour nous bercer, plutôt pas mal ! Le réveil est calé sur 4h30….vu le décalage du départ de ½ heure, fixé finalement à 6h30 (car le départ vélo se serait sinon fait de nuit, ce qui ne m’aurait pas non plus dérangé puisque la natation se fera de toutes façon dans un noir assez complet. 
Le son d’un scooter et la lumière de son phare me réveillent. Après cela, le son du moteur d’un bateau. Un coup d’œil sur le réveil, 4h17Je ne sais plus vraiment où je suis et mets quelques secondes à me replonger dans cette réalité, le matin d’un départ de grande course, celui qu’on a imaginé, voulu, repoussé, craint, redouté…..se présente à la porte, celle de notre Traffic bleu que j’ouvre maintenant avec délice !

Je m’assois sur le bord du plancher, un pied vers le bas, puis l’autre à chercher du bout de l’orteil l’intérieur des chaussures laissées sur la contre marche, puis toucher le sol. Le corps encore très engourdi se redresse, lentement, incertain, pour passer d’une posture au départ instable à celle d’un singe mal réveillé. La tête levée vers le ciel, j’esquisse un sourire à la vue de pas mal d’étoiles entre les nuages, de ci, de là. La température est fraîche, sans plus, 13°C sont affichés sur le thermomètre. Banzai, ça va être une belle et longue journée. 

Je referme cette porte sur le sommeil léger d’Ursula et Max qui vont devoir supporter mes humeurs de triathlète tout au long de la journée à essayer de me croiser de temps en temps sur des portions de parcours, organiser l’emplacement de camping pour ce soir etc etc…. 
La flamme du briquet donne le coup d’envoi, passe du jaune au bleu du réchaud, le café chauffe doucement, et bientôt se dégage cette odeur, connotation de chaleur et confort, j’en ai bien besoin avant cette bataille. 
Le miel de mon ami Ricou, ou plutôt, des amandes, noix, noisettes et un peu de miel viendront compléter les tartines de pain au levain, merci Ricou ! 

5h00 du mat, il est temps de se changer pour se rendre avec l’ensemble des affaires sur le parc à vélo. L’obscurité est totale, loin des grandes villes et par un ciel assez couvert, sans lune. A l’entrée du parc, une poignée d’arbitres un peu secs vérifie les accessoires et le vélo, dans ce même rituel, bouchons sur le cintre, les prolongateurs, le dossard, la jugulaire du casque. « Bonne course », Merki ! 

L’emplacement est vite trouvé, la même disposition que celle du gymnase à Amélie, simple, efficace. 
Ma chaise m’attend, j’y dispose veste, manchettes, chaussettes. Les poches de la veste sans manches avec coupe vent, alimentation, lunettes verres clairs (pour suppléer à la visière fumée sur les premiers km roulés dans l’obscurité d’un jour qui se lèvera…) Il faut garder une place pour le GPS qu’on prendra  en sortant du parc après la natation. 

Sur le vélo, ceinture dossard, casque, prêts à. L’ambiance dans le parc est plus que silencieuse, presque austère, à peine si les voisins de parc me saluent….c’est assez inhabituel et bizarre, surtout pour un petit comité et sur ce genre de course. 

Il est temps d’enfiler la combinaison néoprène. L’eau est annoncée à 22°C (!?) . Sortir du parc, laisser son sac T1-1 avec les affaires sèches pour l’après course, et se rendre au départ qui se trouve à environ 500 m de là, pieds dans la gravette….j’ai mes slaps et la frontale que je laisserai à Ursula en passant devant le camion qui se trouve sur cet itinéraire. Le sol est humide et froid, les petits cailloux semblent vouloir transpercer la peau de la plante des pieds….pas très agréable. 

Le départ, un petit groupe de pingouins tout de néoprène vêtus, parmi eux 4 pingouins femelle. Elles ont du courage ! 
Photo: Ursula Perrier


6h20, derniers préparatifs, les pieds dans l’eau…elle paraît plus fraîche que 22°C. Un bloc son est là pour réchauffer l’atmosphère, un poil tendue. Pour ma part, j’ai peine à vraiment réaliser l’ampleur de ce qui m’attend et reste plutôt serein. Peut être le fait d’avoir débarqué sur place au dernier moment hier après une matinée au taf….pas très immergé du coup dans l’ambiance d’un départ de grande course. 
6h25, ACDC crache son « back in black », puis….plus rien. Quelques mots échangés avec les voisins dans ce silence pour constater que les loupiotes rouges disposées sur le haut des bouées sont bien petites….Mama, comment est ce qu’on va les voir une fois dans l’eau avec les lunettes sur les yeux…belle question ! 
Photo: Ursula Perrier

6h30, rubalise tendue devant nous, le compte à rebours est amorcé par les quelques spectateurs présents, 10 – 9 – 8 – 7 – 6 – 5 – 4  - 3 – 2 – 1 – Corne de brume, c’est parti pour 3800 m de natation nocturne. 

BEARMAN XTREME TRIATHLON : NATATION 

Photo: Ursula Perrier

Les premier mètres sont…..froids (22?) et .....mouillés, les pieds sur les cailloux du fonds, quelques pas de course, un daulphin, je plonge, je nage. 
On est peu nombreux mais pourtant, les voisins de droite et gauche sont bien proches, trop proches, ça claque un peu de ci, de là, ça part quand même assez vite. 
Je me dis que dans quelques mètres ça va s’estomper, mais bizarrement, ça continue de nager vite et dense sur pas mal de distance, jusqu’à cette première bouée à gauche toute. Le verre droit de mes lunettes qui prenait l’eau est subitement plaqué à mon œil par le dos de la main de mon voisin de droite…Merci ! 
Je me rends compte que je n’arrive pas à poser une natation propre, très occupé à lever le nez régulièrement pour bien caper les petites lumières rouges sur le sommet des bouées. Mais les bouées bougent, basculent et tournent, et les loupiotes sont des fois là, des fois plus là….pas simple de s’y retrouver. La nuit reste véritablement….noire ! 
Photo: Ursula Perrier
Passée la première, puis la deuxième bouée, la troisième se planque encore très à gauche, très proche de la rive, "POC", je viens d'impacter un gros caillou rond à fleur d'eau, peut être 25 cm sous la surface et me retrouve à gueuler seul dans la flotte, aussi surpris que furieux, pour le mec à gauche de moi, c'est encore plus marrant, il est à quatre pattes dans 50 cm d'eau! On se regarde en s'apostrophant "mais c'est quoi ce plan d'eau?" 
La bouée qui suit est très proche, à droite avant d'amorcer franchement le demi tour direction le centre du lac où on est sensés trouver un passage entre deux bouées avant de revenir vers la T1.....mais les bouées au centre du lac, je n'en voit pas! Je prend quand même la direction. 
Je me retrouve là encore en contact avec le sol, puis avec des cordages de lignes d'eau avec des flotteurs, et encore une.....mais c'est quoi ce plan d'eau (! 2 ième fois) 
Je continue vers le centre du lac jusqu'à ce que je croise des mecs qui arrivent dans l'autre sens.....décidément, cette natation restera dans les anales. Je m'en étais douté en voyant le tracé tarabiscoté avant la course, et sachant que ça se ferait dans une obscurité absolue, mais là, je dois dire que je perds un peu mon sang froid, frustré de ne pouvoir nager correctement avec cette impression de faire une course d'orientation en aveugle et n'étant pas sûr de réaliser le bon parcours. 
Retour vers la T1, une bouée à contre jour des phares puissants placés sur le parc, ébloui et d'autant plus aveuglé, je repars faire le tour de la petite île dont on devine le contour. Viennent ensuite les deux dernières bouées qui viennent boucler le premier tour. Ouf, premier tour de fait, on va batailler encore sur 1 tour et demi, mais cette fois on connait les pièges et c'est moins stressant.  
Photo: Ursula Perrier
Photo: Ursula Perrier
La densité des nageurs c'est très fortement estompée, mais je n'ai aucune idée de mon placement dans le paquet. Quelques apparitions furtives de nageurs tantôt à droite, tantôt à gauche dont j'essayes de ma rapprocher pour ne pas nager seul et profiter de leurs pieds, mais en vain. Chaque contact se solde par une perte quasi immédiate, personne ne nage vraiment droit. De temps en temps on se retrouve arrêtés à parler à un gars à coté qui te demande si ça part à droite ou à gauche, "ha ouai, si, là bas, je la voit, à gauche!", et on repart. J'entends quelques fois la clochette d'Ursula que je devine alors dans l'obscurité, la petite trompette que Max c'est bricolée spécialement pour l'occasion aussi. Ces petits signes d'encouragements pour me dire que Je ne suis pas seul dans cet effort me font du bien! 
Photo: Ursula Perrier
La lueur pâle d'un soleil qui se lève fait son apparition timide après le deuxième tour. Très pâle et très beau, colorant le plan d'eau par réflexion des nuages dont la frange s'embrase d'un pourpre profond. J'apprécie ces moments, la quiétude revient sur le plan d'eau, on sait alors que la première marche de cet escalier sans fin va bientôt être gravie et que la course va enfin pouvoir commencer! 
Photo: Ursula Perrier

Photo: Ursula Perrier
Photo: Max Perrier
Dernière bouée avant la sortie, la clochette d'Ursula teinte de toute sa résonance, les flammes Bearman flottent dans le halo des projecteurs et marquent la sortie de l'eau. Encore quelques mouvements de bras, le sol au toucher du bout des doigts, c'est le moment de se relever, je titube bizarrement lorsque je marque un léger ralentissement pour appuyer sur le bouton de la montre afin de la faire passer en mode T1, ma vue ne s'adapte pas à la petitesse des chiffres du cadran, tant pis, je ne sais pas quel temps et quelle distance j'aurais nagé, au fond, cela n'a aucune importance! 

Les pieds quittent l'eau du lac pour gagner la terre ferme, je m'exclame "Mais quelle natation de M...." en croisant Ursula, pas forcément en réprimande vis-à-vis de l'organisation mais plus vis-à-vis de la manière dont je l'ai effectuée. Pour le coup, une natation où l’on ne s’ennuie pas, c’est plutôt animé ! 

La partie natation aura duré 59 minutes 47secondes (strava) pour 3 717m nagés, me plaçant 9 ième scratch de cette partie natatoire. 


BEARMAN XTREME TRIATHLON : T1

Le chemin menant jusque au vélo est court, à peine le temps d’enlever le haut de la combi. Comme d’habitude, la montre bloque le dé-enfilage de la manche droite. Ca passe mais l’écran est en mode je sais pas quoi….beep beep, ça à l’air d’être ok 
Photo: Max Perrier
Le temps de quitter une jambe puis l’autre, il fait frais. Un petit coup de serviette éponge rapide, on va jouer le confort…mais on va pas quand même rester là trois plombes. Il fait toujours très sombre, fourrer la combi. dans le (petit) sac n’est pas chose facile. Les manchettes sont vite enfilées, les chaussettes, le dossard, le casque….go vers la sortie du parc en n’oubliant pas d’empoigner le petit sac rouge avec la combi. à laisser en sortant.
Photo: Max Perrier

Photo: Ursula Perrier
On crie « le 38 », (je crois reconnaître la voie d'Ursula qui à devancé l'appel des bénévoles pour la personne devant se saisir de mon sac et préparer le gps à la sortie du parc) un bras se tend et attrape mon sac, une autre main me glisse le ziploc avec le gps dans la main gauche, direct dans la poche arrière de la veste, encore quelques mètres jusque aux arbitres au bout d’une moquette verte et rouge, accompagné par les encouragements de Max et d'Ursula, je profites de ce cheminement pour allumer ma lampette mode clignotant rouge derrière la tige de selle, arbitre drapeau levé, la ligne de sortie du parc est franchie. Il est 7h33 du matin.


BEARMAN XTREME TRIATHLON : VELO



 J’ enfourche ma monture pour un bon gros tour de bike bien vallonné. En fait, à part le profil de course « openrunner » lu et relu et imprimé que j'ai disposé façon roadbook entre mes deux prolongateurs, je ne connais rien du  parcours et de ses difficultés. Bien qu’affichant autour de 4000 m de dénivelé positif, sur le papier, ça m’a l’air plus simple qu’à Embrun ou que sur le Stonebrixiaman parce que les pourcentages ne sont jamais très importants et que l'altitude maximum reste autour de 1500 m. On va voir ça! 
Le parcours se divise en plusieurs blocs, une première boucle de 50 km nous fera retomber sur Amélie les Bains, endroit où se trouve la T2 avant de repartie vers plusieurs autres boucles enchaînant sans répit les montées longues, suivies de…….descentes longues. 

Jusque là, tout va bien!

Ce que je n’avais pas du tout imaginé en fait, c’est qu’un tel profil ne laissait jamais le temps au corps de trouver du repos, car, contrairement à pas mal d’autres courses, les morceaux de plats sont en fait juste…..inexistants. De ce fait, pas le moindre moment de relâchement, soit tu montes à tirer sur les cannes et le guidon, soit tu descends, la tête relevée, les mains sur le bas du cintre, les doigts sur les manettes de freins, les yeux grands ouverts, oui, très grands même car, et c’est une découverte dont je me serais bien passé, l’état des routes est plutôt exécrable. Ca induit un rendu très moyen dans les montées mais surtout une belle difficulté à descendre correctement sur des enrobés défoncés, rainurés, gravillonnées, bosselés…..qui, liés à des virages souvent assez courts empêchent tout débordement sous peine de louper l’un d’entre eux. Bilan, ça rame grave et mes cervicales, surtout en descente, en prennent pour leur grade. Se sera d’ailleurs là un des points vraiment gênants de ma course vélo. 
Dans la descente depuis Montbolo, un trou pris plein fer manque me faire me casser la figure....et me donne un jeu dans la direction assez important......va falloir faire avec!
Photo: Bearman Xtri  Passage dans Montbolo
Comme toujours sur ce genre de course, tu roules très souvent seul. Les contacts avec les autres concurrents sont furtifs, je rattrape assez rapidement un, puis deux coureurs dont une féminine dans la première boucle et les laisse tout aussi rapidement, puis un gars qui me double comme une flèche…je laisse filer, la journée sera longue. 
Le jour est en train de se lever, cette fois c'est la lueur d'un brasier d'incendie qui irradie puissamment entre les nuages sur ma droite.  En quelques instants, tout est alors baigné d'un rouge étincelant, les arbres autour, la route, tout flambe autour de moi lorsque je dépasse le village de Llauro. 
Très rapidement après, la fenêtre de ce ciel se referme sur ce gros soleil rouge, et comme par magie, tout s'éteint et redevient gris, et, dans ce décors devenu maussade, il faut continuer. 
Photo: Ursula Perrier    Premier passage par Amélie après la première boucle de 50 Km.
 Les manchettes sont parfois descendues le long des poignets mais très vite remontées pour les partie de descentes. L’air reste frais. A priori, la pluie semble pour le moment nous épargner….je croise les doigts. 
Ma logistique de course sera sur la sagesse en vélo pour essayer d’en garder pour la course à pied. Par rapport à ça, j’appuie mais juste ce qu’il faut, sans aller au-delà d’une cadence correcte pour monter sans renifler.
Photo: Bearman Xtri
La montée sur Batère sera particulièrement longue, l’itinéraire se fait souvent sur des routes bordées de végétation qui empêche d’avoir un point de vue précis sur son élévation et son éloignement, et ne connaissant pas le parcours, certaines portions me paraissent interminables. Pour autant, le petit roadbook se déroule tranquillement autour de mes prolongateurs et petit à petit, les bornes se font. C’est bientôt le moment d’arriver à Prat de Mollo, lieu de la dépose du sac perso.
 
J’attends un peu ce moment pour varier l’alimentation qui pour l’instant c’est composée d’une banane, d’un Snickers, d’une barre pâte d’amandes, de biscuits petit déjeuner. Dans mon sac m’attend une petite boite de taboulé, miam miam, et deux sandwichs pain de mie, fromage frais, jambon cuit emmental. 
KM 120, Le village de Prat de Mollo apparaît juste après une courte descente, un petit chapiteau à gauche de la route, c’est là ! 
« Bonjour, le n°38 », quelques secondes plus tard, mon sac m’est donné avec un grand sourire et des questions sur mon état et mon ressenti, comment je trouve la course etc….L’accent so britich de la plupart des bénévoles donne aussi un petit coté exotique inattendu à 2 heures de Montpellier et c’est pas pour me déplaire. 
Les sandwichs glissés dans la poche arrière de ma veste, la boite de taboulé ouverte, c’est goulûment que je m’enfile les 2/3 de son contenu avant de la refermer et de la re-déposer dans le sac, pour le retour après le col d’Ares, puisqu’on repasse par là avant la dernière partie du parcours. 

Echange de bidons, il est temps de refermer le sac et de cliquer les chaussures dans les cales pour repartir pour ce col d’Ares. 
Le profil ne le donne pas comme si méchant, l’enrobé devient excellent, la route plus large, le rendu impeccable. Mais situé à cet endroit du parcours, ça commence quand même à tirer ! 
Cette partie du parcours me permettra de doubler d’autres concurrents….mais aussi me faire doubler par certains plus rapides. Ne connaissant toujours pas ce qui m’attend sur les prochains kilomètres, je reste calme et garde ma ligne de conduite. Calme ! 
Et le choix semble bon lorsque j’arrive à un premier col avec, en face, les lacets finaux du col d’Ares qui m’en plantent un bon coup au le moral, souvent lorsque les objectifs en vue éloignée comme celle là, paraissent tout à coup hors de portée. 
En même temps, les quelques lacets qui restent ne représentent plus que quelques kilomètres, ils seront finalement assez vite parcourus. Le col est maintenant à portée de roues, je sors en roulant la veste coupe vent de ma poche arrière et l’enfile, profitant du replat avec la bascule. 
Un demi tour est à faire à ce point de passage, les bénévoles, toujours aussi joyeux et accueillants m’encouragent vigoureusement. Ces moments, brefs mais intenses, suffisent à relancer la machine. 
KM 133, c’est l’attaque d’une longue descente de qualité cette fois qui me redonne de l’entrain avec la sensation d’accomplissement, sentant que la fin du vélo est maintenant proche. 
En recroisant Prat de Mollo, je refais une pose, fini le taboulé et repars. Je me concentre sur le parcours en essayant d'optimiser une position plus aéro, à vrai dire un des seuls moment où les prolongateurs auront joué de leur fonction! 
Le vent de face se lève malheureusement en arrivant dans la vallée et ralenti bien la descente.  
KM 156, c'est le moment d'obliquer à droite pour la dernière "bosse". En fait on fera 6 bornes de montée. Dans cette dernière partie, je reviens sur 2 gars qui semblent vraiment en avoir marre. Mon état est plutôt bon, après avoir roulé peut être deux km avec eux, j'appuie un poil plus et les sens rester en arrière. Je fais ça pour avoir une descente seul, beaucoup plus serein comme ça que si je dois faire gaffe à un mec devant ou derrière dans les trajectoires et les freinages. 
Après la bascule, c'est une série de belles courbes sur du beau goudron qui vont s'enchaîner avant de rejoindre la vallée du Tech. Derniers kilomètres, je me sens bien, j'ai laissé mon cerveau quelque part sur le parcours et ne penses pas trop à ce marathon qui m'attend. 
Amélie, te revoir me fait du bien!
La piste cyclable, on rejoint le point de demi tour du parcours à pied pour arriver le long de la piscine, sortie les pieds des chaussures, le parc en vue, Ursula et Max sont là, très heureux de les voir, j'enjambe le cadre, pied gauche sur la pédale, le droit en arrière, la ligne d'arbitres, petit bond pour garder une allure, comme si c'était important, alors que là, vraiment, ce n'est absolument pas les quelques secondes de plus ou de moins qui feront la différence. 
Photo: Ursula Perrier


La partie vélo aura duré 8 heures 18 pauses et T2 comprises pour un dénivelé incertain entre 4 000 m (g
Garmin) et 4 619 de D+ (s
Strava), me plaçant 19 ième scratch après cette partie de manivelles. J'aurais accumulé 55 minutes de "retard" sur mes prévisions, en partie pris sur la montée à Batère (+ 30 minutes) et le tronçon entre Prat de Mollo et le col d'Ares (+ 30 min encore) 


BEARMAN XTREME TRIATHLON : T2 
Le joli tapis me conduit jusque dans le gymnase. Là, pas grand monde, je pousse le vélo jusqu’à mon emplacement.

 


La chaise est la bien venue pour se changer, quitter la veste…..en retirer la balise GPS (merci Ursula !) changer de chaussettes, boire un coup, manger un morceau (encore une petite boite de taboulé maison). Bien sûr fatigué mais un ressenti plutôt positif, je me sens bien, je mange avec appétit, pour le moment, les voyants sont au vert ! 
Je me sèche un peu avant de prendre mon Camel back et de l’enfiler. J’y ai disposé quelques barres de pâte d’amandes , un gel (qu’en principe je n’arrive jamais à prendre sur ce format de course) et un litre et demi de mon sirop de framboise dont le gout très naturel permet de ne pas tomber en écœurement sans être trop sucré ni trop synthétique comme les boissons iso. etc que je ne prends plus sur course longue. Bien trop sophistiqués et aux goûts plus artificiels et chimiques les unes que les autres. 
J’y glisse aussi mon coupe vent, celui du vélo, un serre tête…..c’est tout, il faut repartir. 

BEARMAN XTREME TRIATHLON : MARATHON

A l'extérieur du gymnase, c'est plutôt animé, beaucoup de familles de coureurs et de bénévoles, le contraste est marquant entre la solitude de cette première partie vélo et cette incursion furtive en base de vie. Les premiers pas de course, comme toujours, sont lestes et rapides, boostés par l'ambiance et la joie de quitter la selle pour retrouver une position plus naturelle. La sortie du parc se fait sous les applaudissements de "la foule", quand même bien maigre comme foule, mais il faut que ça reste dans le concept de la course "sauvage". Alors allons y pour un marathon qui devrait être à la hauteur de la volonté de l'organisateur. 
Je réunis mes souvenirs du parcours, les premiers kilomètres sont gentils, le Bearman en configuration nounours nous propose une amorce en faux plat descendant pour la mise en bouche....heuuuu, jambes. Ca déroule à peu près normalement, mais, le soleil a fait son apparition et maintenant, en fait, je pète de chaud. On sent bien que le corps n'est pas en configuration optimale et a du mal à opérer une régulation normale. L'état de fatigue est bien là, même si la montre affiche un.....13.2km/h de moyenne, totalement anormal, va falloir calmer le jeux. 
Interdit par le règlement de course (! ) .....Ursula et Max sont en vélo et m'accompagnent sur ce premier tronçon, on échange sur mon ressenti et sur les créneaux horaires, sur le vélo etc..... Ca fait du bien de discuter un peu et de les voir. Je sais que c'est aussi une journée de course pour eux, organiser la logistique du camping, d'après course, mes apparitions, mes disparitions, le stress du suivi GPS qui affiche un point vert tantôt mouvant, tantôt immobile, l'après course etc.....avec une réveil pour eux aussi très matinal, le repli du camion dans la foulée au lac. Derrière la femme d'un "IM" il y a un femme d'acier, j'ai lu ça quelque part, c'est plutôt vrai! 
Photo: Ursula Perrier

On est sur la route, le long du Tech, quelques curistes octogénaires m'encouragent, c'est presque marrant de les entendre dire "allez les sportifs" et ça donne quand même du courage. 
Photo: Ursula Perrier

Photo: Ursula Perrier
Bientôt, le parcours tourne à gauche, direction.....le gros parcours de l'ours en colère! Après une petite descente dans un mini parc, le lavoir, un stop à une fontaine très fraîche, une première rampe qui monte en escaliers / pas de mulets, puis, 90° sur la droite, un mur d'escaliers. La seule vision de ce qui m'attend me stoppe direct. C'est les mains sur les genoux que je reprends mon souffle, ça, je ne l'avais pas vu sur le parcours. 
Le temps de reprendre mes esprits, c'est au petit trot, d'abord normal, puis lent, puis très lent puis en marchant que je progresse dans cette section vraiment rude pour moi. En partie terminale, un gars sur le coté filme la scène de ralenti avec sa tablette, je rigole quand il me dit que je suis en direct, imaginant les éventuels spectateurs de cette scène en slow motion, presque arrêt sur image. VIDEO ICI (vidéo Florent Namèche)

Bon, mais heureusement, la sortie est proche et ça se calme franchement pour redevenir vraiment beaucoup plus plat, je repars d'un petit trot, et finalement ça passe plutôt pas mal. Maintenant, i faut tenir sur les 11 prochains kilomètres d'une route qui monte sans relâche, toujours sans gros pourcentages, certes, mais ça monte, et ça monte encore! Le moral est bon, les guibolles, qui m'ont fait des frayeurs dans les escaliers, finalement déroulent quand même, à condition de ne pas s'emballer. 
Après m'être fait lâcher par un concurrent avec qui on talonnait sur les 3 premier kilomètres, Chris Eggar, c'est son nom, je continue comme ça, seul, mais seul de chez seul, sur 6 bornes environ, mais cette solitude ne dure pas, sur mes talons, arrive le N° 77, Arthur Lallier, il a l'air super frais et trotte comme un gars qui n'aurait pas pédalé (!?) Pourtant, c'est lui que j'avais rejoint dans la dernière bosse et il m'avait semblé marqué par le parcours vélo.... 
En tous cas, là, il gambade tranquille, prend le temps de sortir son smartphone pour visiblement convenir d'attendre un pote à luengagé lui aussi sur la course et visiblement quelques minutes derrière, puisque, après que je le redouble, le laissant à sa communication, c'est maintenant à deux qu'ils arrivent, en trottant et en discutant! Mama, me dis je, mais comment font ils pour trouver l'énergie de parler ici! 
De mon coté, arrivant autour du km 10 de la partie course à pied, je commence à ressentir une grosse lassitude. La fatigue est bien installée et la résistance à l'envie de marcher est de plus en plus difficile à tenir. Je n'ai pas aujourd'hui l'âme d'un combattant, et la petite étincelle, dans cette course en solo, me manque vraiment. C'est dans ce désert mental que je commence donc à marcher, un peu désabusé, comprenant que cette fois non plus, je n'arriverais à assurer une course à pied digne. 
A ce moment là, je me vois comme depuis le haut, comme si mon cerveau quittait alors ma boite crânienne pour investir un drone, je me vois petit, petit et ridicule sur le parcours d'une course qui est en train de me glisser entre les pattes. 
Là, c'est-ce que j'appelle le fond du trou, je paierais n'importe qui pour qu'il m'aide à en sortir, même si, très lucide sur l'état dans le quel je me trouve, je sais que ces moments peuvent faire partie de la course et que ça peut rapidement changer. Mais pour l'heure, c'est bien profond sous la terre......où se trouve l'échelle? 
Bon an mal an, l'envie revient pourtant, travaillant dur pour reprendre du terrain à cet ours, le traitant d'enfoiré à haute voie avant de repartir d'un petit pas mal assuré, pénible au départ puis devenant finalement acceptable, supportable....la bonne humeur est retrouvée, je me rapproche aussi de la bascule du 15 ieme kilomètre à Montbolo. 
J'aurais marché sur 3 bornes (!) ....je me pense "quel dommage", mais inutile de regretter, je suis là pour finir cette course, il reste, mince, il reste encore 26 bornes à parcourir. Ouch, toujours difficile de positiver si on voit le bouteille à moitié vide. Je reformule ma vision des choses, "t'as déjà fait 15 bornes", oui, et on rejoint la T2 après 7 bornes de descente sur route, je redoute un peu ce qui m'attend, mais on va pas non plus dormir ici, allé, laisse rouler, ça va le faire. 
Effectivement, inutile de forcer beaucoup pour avancer, un pied plus haut que l'autre, un petit mouvement vers l'avant, ça déroule comme ça dans cette descente qui pourtant me paraît, à la vision dans une courbe d'une partie de l'itinéraire et du lointain du village en bas, interminable. 
Le cerveau mis en mode "auto", je rejoindrais lentement mais sûrement Amélie.
Photo: Ursula Perrier    Km 22 de la partie course à pied
Photo: Max Perrier    ...et si on se faisait une petite pose gymnase?
J'arrive enfin sur le tronçon de plat, le gymnase en visu, le tintement de la clochette d'Ursula, la trompette de Max, pas de doutes, c'est bien là. Je décide de faire une petite pose en T2 pour faire un complément de mélange sirop à boire dans le Camel Back, et prendre la frontale car à l'allure à laquelle je me déplace (premier semi en 2h26! Oups!)…..je prévois une arrivée autour des 21h30. Nom d'un chien, ça fait bien tard ça! En même temps, je me souviens avoir dit haut et fort, "si je le finis en 15h00, je serais contant". Donc, si je parviens à finir à 21h30, j'y suis pile, ça me laisse 3h00 pour le second semi.....heuuu, mais c'est super lent ça!
 
Bon, va falloir être patient. Ma petite pause en T2 me permet de me ravigoter un peu, mais je perds aussi pas mal de temps, un peu confus dans ma manip. et rappelé dedans par l'orga. pour montrer mon GPS (?) puis ressortant en cherchant un point d'eau pour me rincer un peu le visage, bon, du coup ça traîne pas mal sur ce point au 22 ième km. 
Photo: Ursula Perrier    Base de vie, on refait le plein

Je finis par repartir, Ursula me montre le chemin à prendre pour la sortie de l'autre coté du parc, la portion de plat va emprunter un bout de route puis une voie verte avec une bosse, en aller / retour. Cette partie est courue dans le plat, marchée dans la bosse et, un nouvel invité, et celui là je l'aurais bien laissé d'où il venait, vient participer à la course. C'est mon ami le vomito, et ouais, il arrive là comme ça, sans prévenir, et là, c'est une première, je vomis de la bile (!?), je viens pourtant de boire, mais je garde curieusement le mélange de boisson absorbé quelques minutes plus tôt. Bon, c'est peut être pas si mal que ça si j'arrive encore à boire, au moins ne pas se déshydrater et ingérer quelques sucres, j'en aurais besoin pour arriver au bout. 
Après la bile, mon sirop de framboise me fait un bien fou, virer ce goût amer et me retrouver une petite zone de confort. 
Entre temps, pendant que tordu, un genou à terre, je regardais ce liquide vert d'âtre faire une petite flaque sur le sol, deux, puis trois concurrents me passaient, tous très sympas, me demandant si ils pouvaient m'aider, si c'était ok. Ben, ouais, ben non, bon, vous affolez pas les gars, ça va passer (sûr?) 
Arrive le demi-tour, un gros réconfort du bénévole qui se trouve là, à qui j'explique mes déboires et qui me conforte en me présentant la dernière partie de la course comme la plus belle. 
Ca repart en descente et je retrouve l'envie de courir, soulagé par l'effet nausée qui s'en est allé et la parole de ce bénévole. 
Un peu plus loin, c'est Ursula sur son vélo qui est là et qui m'accompagnera (toujours interdit, aï aï aï) sur quelques centaines de mètres. Je lui raconte l'épisode vomito tout en essayant de ne pas trop l'inquiéter. Mais c'est vraiment dur, elle m'encourage, je lui donne rendez vous pour autour de 21h30.....si tout va bien, pensais-je en silence. 
KM 27, La T2 à nouveau, le jour décline déjà, il me reste encore 15 bornes. C'est peu et beaucoup à la fois. La chaleur des encouragements des quelques personnes qui se trouvent là me permettent de courir et de penser à autre chose. Le passage est fort et symbolique, j'attaque maintenant l'aller / retour de la fin, avec en gros, la moitié de montée, l'autre en descente. Je me dis que je vais peut être encore réussir à courir en montée, mais, arrivé aux escaliers qui font bifurquer à gauche pour le démarrage franc de la côte, je comprends une fois de plus que se sera juste maintenant impossible. Se faire une raison, marcher dans les cotes et se promettre de se donner le coup de pied au cul pour ré-attaquer la course à pied dès que l'inclinaison s'inversera. 
L'attaque de cette partie passe par des gros pourcentages, c'est bien raide mais au moins on gagne en dénivelé rapidement. Après ça se clamera, le pas deviendra plus rapide, mais, avec la nuit tombante, le mental devra rester au beau fixe, sous peine de rester au bord de la route en miaulant. 
Je croise des concurrents qui descendent déjà, pas très nombreux, plutôt espacés et pleins d'encouragements, je leur rend bien sûr la pareille, "bravo les gars, vous tenez le bon bout" etc.... 
La gorge, à droite, est belle, sauvage, austère, profonde, de plus en plus minérale....mais aussi de plus en plus sombre, la nuit est littéralement en train de tout envelopper. La cape noire est de rigueur, ce soir, c'est soirée Dracu! 
Je ne sors pas ma frontale du sac, mais la veste, la température est en train de baisser franchement, et même si la route monte encore, je la supporte. 
KM 30, ça redescend, je tiens ma promesse, je cours à nouveau, pas bien vite mais ça court. Les gars du TCML me diraient, "tiens, regarde, là ça touche pas", pas vrai Xav? 
Mais le répis est de courte durée, un petit kilomètre plus loin, ça repart en montée. Les mecs que je croise me donnent des infos sur la distance qu'il reste à effectuer jusqu'au demi tour mais ce n'est pas trop cohérent, une fois 4 km, une fois 2 petits, puis 5.....je ne regarde plus la montre qui est en mode éco, si j'appuie sur un bouton, le cadran s'éclairerait et risquerait de stopper net, batterie off, je perdrais alors la trace de la fin de course que j'aimerais bien garder sur son intégralité en tracé GPX. 
Je marche maintenant dans le noir complet d'une nuit sans lune, ma respiration rythme mes pas, et je me perds dans la boucle d'une phrase musicale que je répète silencieusement dans ma tête, elle est en train de m'abrutir doucement et je n'arrive pas à l'envoyer balader. 
Le temps passe, j'en perds même la notion, de la distance aussi, investi corps et âme dans la tâche à accomplir, finir cette course! 
Enfin, au détour d'une n'ième courbe, un petit hameau se présente sur la gauche de la route, c'est le Mas del Pagris, comme je suis heureux de le voir, il marque la proximité du demi tour, le dernier, et cette fois, rien ne peut plus m'arriver puisque se sera 80% de descente sur ces dernier 8 KM, on est au KM 34,5 de la course. 
Au demi tour, deux bénévoles très sympas, l'une emmitouflée dans une couverture sur la ridelle de leur pickup et leur chien, Django, qui profite de ma position assise à chercher la frontale et le serre tête....que je ne trouve pas, pour lécher le sel sur mon visage. C'est con à dire mais j'y ai retrouvé là une affection toute bénéfique. Il semblait comprendre l'état de fatigue dans lequel je me trouvais à ce moment là, bon, j'en fais peut être un peu trop, ce clébard n'aime peut être juste le sel. 
Photo: Bearman Xtri
Je repars en leur souhaitant bon courage, sur ce demi tour pommé, dans le noir absolu. J'allume maintenant ma frontale, malheureusement, c'est celle de secours qui éclaire pas grand-chose, la bonne étant tombée en rade la veille (câble pété) sur le bord du lac. 
Ceci dit, passant du noir complet, c'est déjà plutôt lumineux, et, le revêtement étant relativement régulier, pas de soucis particuliers. Après l'aller qui aura duré deux heures, pas moins.....le retour lui sera fait en moitié moins de temps. Je rattrape même deux concurrents qui m'avaient repris plus tôt dans cette noirceur, mais doit à nouveau lever le pied car je me sens vraiment fébrile, nauséeux....mon pote la bile revient, pose, genoux à terre, barre toi bile! 
On continue de croiser le faisceau de pas mal de frontales, toujours assez espacés, tout le monde s'encourage, ceux qui descendent sont bien sûr plus sereins que ceux pour qui il reste encore un bon bout de montée,mais tout ça se fait dans un très bon esprit, pas de concurrence mal placée, à quoi bon de toute manière. 
Le corps et le mental finissent enfin par retrouver un vrai élan lorsque j'aperçois les lumières des candélabres de la ville en contrebas, la fin de la gorge est là, la fin de la course aussi. Je me rapproche alors d'un autre concurrent, après le virage en épingle descendant vers le village, avant de croiser le cours d'eau venant de la gorge au-dessus de laquelle nous avons effectué la dernière boucle en aller / retour. 
Il se met à marcher, on échange quelques mots, je lui propose de finir cette dernière partie en laissant dérouler, courir, finir dignes. Ma montre stoppe à ce moment là, à la lumière de la ville maintenant, j'ai cette impression de revenir de loin, le pays de la noirceur, de la difficulté, avoir traversé une éternité de solitude! 
Ca descend, ça descend encore, des bénévoles sont là pour indiquer le chemin à suivre, les premiers commerces, les premières terrasses de café, les premiers applaudissements, des gens se lèvent même en terrasse pour saluer notre passage, moi, comme un benêt, un bras en l'air, telle la Marianne du pascal des anciens francs, je passe avec ma gueule de vainqueur, celle du gausse fier de lui, aussi con qu'heureux, cette reconnaissance des quelques personnes présentes à cet endroit me parait un bain de foule, pourtant, ils ne doivent être qu'une trentaine, peut être un peu plus, mais dans mon crane, ça raisonne comme la tribune d'un stade de footeux. La course se termine, je finis ce premier Bearman, j'en ai la chair de poule, un dernier tronçon, qui monte le long du Tech avant de rejoindre le pont pour cette dernière ligne droite et l'arche d'arrivée. Gros coup de fatigue, sans doute le contre coup d'une accélération liée à une euphorie passagère générée par ce "bain de foule". Du coup, mon compagnon de la fin passe devant, je lui donne une tape sur l'épaule et lui dit "profites, profites de ton arrivée, savoure la". Il me félicite et prend une vingtaine de mètres d'avance, je repars pour les 400 derniers mètres, le virage du pont, le pont sur lequel je laisse échapper un cri de satisfaction, ça fait sans doute peur aux gens postés là, lâcher la pression, laisser sortir tout ça, la ligne d'arrivée est là, toute proche maintenant, Ursula et Max sont là, je marche mes deux derniers mètres pour saisir la cloche du portique que je fais tinter. Il est 21h28, 14h58 de course, je viens de franchir la ligne d'arrivée de ce premier Bearman. 
Photo: Bearman Xtri

La partie Marathon aura durée 5h38, compris la première transition 2 et mon arrêt "base de vie" au premier semi + quelques minutes au dernier demi-tour, pour 5h10 en mouvement. Le dénivelé affiché par Strava est de 1 192 m de D+ et les 42 km y sont! (ma montre c'est arrêtée avant le dernier km totalisant 41 km 200.  Classement Scratch, 32/81 classés.

AFTER RACE 

Ursula et Max sont juste là, on se serre dans les bras. Ursula me dit qu'elle était flippée car elle croyait que j'étais parti sans frontale, elle a même fait un bout de route en vélo pour essayer de me croiser.....Stress! 
Quelques mètres encore, je pose mes mains sur mes genoux, explosé, mais finalement moins que ce que j'aurais cru au moment de la course ou je me sentais le plus mal, m'imaginant me coucher sur la ligne et ne plus en bouger. 
Non, c'est sur mes deux pattes que je peux me tenir, pas bien solide, certes, mais debout! 
L'organisation est aux petits soins et me propose de prendre place sur une des chaises disposées là pour accueillir les arrivants de ce "Monster race". Le Bearman porte bien son nom. 
On m'apporte un verre de bière, la bière de l'ours, what else?! 
A vrai dire, j'en ai pas vraiment très envie, j'y trempe mes lèvres et en bois une gorgée, mais à mon niveau de digestion / indigestion....je préfère la proposer à Ursula. 
Photo: Ursula Perrier    Grouaou.....il est content le Bearman!
Photo: Ursula Perrier
Un photographe me pose une planche aux couleurs de la course sur les guibolles, immortalise l'instant, avec Ursula et Max, car c'est bien en collectif que la course c'est faite, même si 99,9% sans assistance (désolé, je dois avouer mes 0.1% de communication sur les quelques centaines de mètres d'accompagnement à ma décharge) 
Photo: Bearman Xtri

Passées ces festivités, il va falloir organiser le repli de l'ensemble des affaires restées dans le gymnase, les sacs de la T1 et de Prat de Mollo ramenés là aussi par l'organisation au top, le sac noir est posé sur ma chaise, il m'attend, le rouge avec la combi. dans un coin réservé à cet effet juste à l'entrée. 
Je peine à rassembler mes affaires, mes pensées aussi, ralenti dans ce que j'entreprends qui me demande un effort sérieux. J'ai désormais très envie de dormir. 
Il faut aussi que je pense à m'habiller, ça caille maintenant sévère et je grelotte. Ursula et Max m'aident dans cette tâche, prenant certains de mes sacs. 
On rentre au camping situé à moins de 2 km de là en vélo, j'ai maintenant vraiment froid! 
Ursula aura une fois de plus assuré en aillant préparé le couchage dans la tente, prêt à. Avant ça, passage par un local de douche chauffé, eau chaude, très chaude même, et heureusement, pour me requinquer. L'idée de nous faire chauffer une soupe nous plait, on s'y affaire, je pense que ça devrait me faire du bien. Soupe de potiron, goût et texture au poil, un bol, puis deux.....et quelques minutes plus tard, l'ascenseur qui revient, par ici la sortie! Il me faudra attendre le milieu de nuit pour arriver à boire à nouveau. 
Le lendemain, après une nuit des plus réparatrices, petit dej. de lendemain de course, un vrai bonheur, la régénération est palpable, même si la bile vomie la veille m'a cramé le palais et les sinus, rendant peu agréable les déglutitions. Malgré ce, un vrai plaisir de savourer ces instants de calme, plus aucun stress, profiter de l'instant, de choses simples. C'est aussi ça le lendemain d'une course difficile. 
Photo: Max Perrier       Encore pris du poids sur ce coup le Nico!
A midi, nous bougeons sur Arles sur Tech, à 3 petits Km d'Amélie les Bains, pour la cérémonie de remise des maillots finishers et dotations des premiers.
Sympathique de recroiser tous les coureurs et marrant de voir que personne n'est vraiment exténué un lendemain pareil. Les Bearmans sont des costauds! 

Les trophées sont aussi dans l'esprit "bear" du reste de la course, de jolis totems en bois vraiment sympas. 
Après ça, un repas pris en salle des fêtes....j'aurais préféré dehors.... et un poil plus en quantité (car cette fois, le bière de l'ours passait vraiment bien), mais c'est une première orga. qui présente déjà énormément de points positifs, on ne peut être bon sur tous les tableaux! 😉 

Ca nous aura permis de faire connaissance avec une bande de triathlètes bien allumés que je ne connaissait qu'à travers les comptes rendus de courses d'un certain "La tortue", "Paname", " Damien"(présents sur la course) ou du "Raspa" (absent sur la course) , des mines d'infos sur tous les triathlons d'une espèce différente.
 Le Bearman, c'est sûr, vient agrandir sans broncher et sans avoir à rougir la liste de ces courses pas comme les autres.

L'occasion de remercier toute l'équipe / la famille Laidlaw and Co pour la qualité globale de cette première édition, vous l'avez assuré! Stay Bear!
Photo: Bearman Xtri


Alors avis aux amateurs, la deuxième édition est déjà programmée pour le 22-09-2018. 

         

Le site de l'organisation ici: http://www.bearmanxtri.com/ 
Bientôt le film de la première édition :-D, stay tuned!