mercredi 9 septembre 2015

Embrunman 2015, COMPTE RENDU

Pourquoi un compte rendu de course (de plus) ?

On peut se poser la question, mes réponses en bref.

- Parce que ça me sert d'archive pour en retirer les informations puis d'en tirer les conclusions et (peut être) améliorer les courses à venir.
- Parce que ça me fait plaisir de relire (et revivre) précisément ce que la mémoire, sans ça, aurait altéré. ( ça c'est pour les jours de pluie)
- Parce que ça peut ouvrir l'envie à d'autres lecteurs de participer à ce genre d'épreuves qui restent malgré tout hors norme.
- Parce que l' Embrunman reste l' Embrunman mais que les conditions climatiques ou la manière dont on s'est préparé pour ça, entre autre, sont toujours très différentes d'une années à l'autre et donnent à la course une échelle de difficulté non prévisible.....j'adore !

Bon, pour le coup, même si les années se suivent avec les comptes rendus de mes participations en 2013 et 2014, la manière d'aborder l'épreuve, celle de la vivre et de la ressentir, sont différentes.

Certains trouveront ça long (ils auront raison), d'autres inutile (pas tors non plus), voir incompréhensible....à vous de juger ;-D




Embrunman 2015: AVANT LA COURSE


Cette année, peut être moins de coupure que l'année passée, malgré le pied cassé d'Août dernier qui m'avait laissé deux mois sans pouvoir nager ni courir mais qui du coup m'avait donné la motivation, celle de revenir au niveau laissé avant la fracture. En fait, ça m'a même fait sauter un cran avec des perf. sensiblement supérieures à celles de 2014 sur la partie vélo et course à pied.
Les épreuves de 2015 ont toutes pu voir une amélioration du classement avec un gain de vitesse sur ces deux disciplines (en dehors du tri. L du Salagou qui fut une catastrophe sur la course à pied)

Un autre facteur positif, l'intégration de séances en « collectif » avec la participation à pas mal des traditionnels tours à Vélo avec José du MAT (Montpellier agglomération Triathlon) qui m'aura permis de partager et d'échanger avec d'autres cramés de la discipline. Au passage de les remercier pour leur accueil et leur punch, j'ai beaucoup à leur devoir !

Deuxième événement collectif, à pied, avec le « Night Run Montpellier » qui m'aura permis de courir « social » et de pouvoir avoir des séances de 20K quasiment tous les jeudi soir, quand l'hiver et la nuit me motivent plus à rester à la maison que d'aller courir.

Le coté social des ces séances sera vraiment porteur positif cette année, après deux ans d’entraînements en solitaire.

Bon, coté des bornes enchaînées, les 7 derniers mois de 2015 auront permis de totaliser

5 330 KM totaux (4 889 KM en 2014) décomposés comme suit:

NATATION :
82 KM (90 KM en 2014) dont 58 en piscine (40.2 KM en 2014) et 28 KM en mer (49.8 en 2014)
VELO : 
4 317 KM (3 934 KM en 2014)
COURSE A PIED : 
930 KM de course à pied (824 KM en 2014)

A noter, 600km ont été effectués au mois de juillet en vélo-sacoches avec Ursula (Bordeaux – Hendaye et un peu plus... )

Les dernières séances ayant été 120K de vélo le dimanche, puis 10K de course à pied le lundi, ensuite la reco. du Chalvet le jeudi et pour finir 1,5K de natation dans le plan d'eau d'Embrun le vendredi 14 Août avec un bon feeling.
Entre temps, le mardi pris pour la préparation des affaires, le jour du départ, à l'arrache, un peu comme d'habitude.
J'ai du mal à intégrer le fait que la course se déroule le samedi qui vient, après l'avoir imaginée des fois et des fois, cette fois on y va, « l'Embrunman, c'est Maintenant ! »


On prendra le temps d'arriver sur Embrun avec deux étapes en mode touriste, passant par les gorges de May, profitant de l'occasion pour visiter des lieux devant lesquels on passe d'habitude sans s'arrêter et dormir au bord du torrent avant de retrouver Gernot (beau frère), Caroline (belle sœur), Muriel et Léna (cousines), qui sont en vacances sur « Lagrand» non loin d'Orpierre, et qui ont prévu de venir
On les rejoint pour un petit déjeuner copieux avant de passer la journée au bord de la rivière, tranquille, c'est le maître mot de ces derniers jours.
encourager le beauf que je suis le 15 à Embrun. Va falloir assurer !
Le soir on repartira pour un bivouac sur Réallon avec le jeudi matin une petite rando, toujours tranquille, au dessus de la vallée, histoire de se dégourdir les gambettes. Il fait beau et chaud et le meilleur se profile au niveau météo pour le jour de la course. Je veux du soleil !





Arrivée sur Embrun, beau temps, prise de l'emplacement sur le camping des Tourelles, le même depuis trois ans.....va falloir changer !
Tiens, et si on s'écoutait ça en lisant........https://www.youtube.com/watch?v=Yc4er-Y-BB8
A peine le repas pris, on partira Ursula et moi pour la reco du Chalvet en mode rando., histoire de repérer si les bosses, les trous et les gravillons sont toujours là et desquels il faudra se méfier dans la dernière descente sur Embrun à partir du KM 181, partie ou l'attention devra rester au taquet, malgré la fatigue accumulée de la partie natation et vélo.

La météo change, des pluies éparses viennent nous rafraîchir dans les lacet du Chalvet sans vraiment nous mouiller. Les prévisions pour le jour de la course nous laissent pourtant espérer passer entre les gouttes. On y croit.

Sur le retour, on en profite pour faire le crochet par la salle des fêtes pour le retrait du « pac » coureur, avec le dossard, la puce, le bonnet, le tee shirt plus fluo que fluo auquel on a droit avant course......aurais-je droit à celui du finisher ? Hummmm, la question reste entière, car, même si cette année j'ai un moral solide, campé sur la position de profiter un max. de cette course et de la boucler coûte que coûte, on peut toujours avoir des impondérables, une casse mécanique sur le vélo, une chute....

Vendredi matin, petit tour sur le plan d'eau, le beau temps est revenu, je nage un tour de plan d'eau afin de prendre mes repères et me rassurer sur ma natation pour le lendemain matin, le tour sera bouclé sans forcer en 25 minutes, plutôt bon pour le tempo, la température de l'eau est parfaite, autour de 21/22°C. Ça laisse espérer le meilleur pour demain !

Retour au camping pour le repas de midi. Un point météo.....aï, ça à l'air de se gâter, des orages sont prévus pour cet après midi et il semblerait que pour demain, la pluie soit plus présente que prévue avec une baisse sensible de la température. Pas bon !

Le stress là dessus commence à monter, JE VEUX DU SOLEIL ! C'est pourtant pas compliqué, non d'un chien !

Effectivement, l'après midi, le tonnerre de fait entendre au loin d'abord, pour finalement nous rejoindre, le vent, le front froid, arrive plein fer, on retend un peu la toile de protection au dessus de la tente et ......on attend, d'abord dehors, un peu recroquevillés sous les quelques m² au sec.....avant de se résoudre à rentrer dans la Quechua 2 sec. pour une sieste imposée par ce temps pourri. Le réveil est calé sur 16h00, car on doit, quoi qu'il en soit, descendre au parc de transition pour y laisser le vélo puis assister au briefing de la course calé à 17h00.
Les zombies bleus attendent une accalmie

Il pleut des cordes, le vent souffle, j’essaie de ne pas penser, laisser la pluie de coté pour m'endormir et espérer que demain sera sous des cieux meilleurs, car passer plus de 13h de course sous la pluie ne me passionne pas, j'ai même horreur de ça, et l'idée de pédaler sous une pluie froide me rebute. …..


L'heure de descendre à sonnée, on prend, Ursula et moi, la décision de partir en voiture, malgré la certitude qu'on aura un mal de chien à trouver une place pour se garer. En bas, effectivement, c'est le bazars, tout le monde aura attendu la dernière minute pour ne pas se mouiller et si on arrive à se garer sans trop de problèmes, l'entrée dans le parc de transition voit s'allonger une queue d'attente digne de celles qu'on imagine devant un musée parisien à l'ouverture d'une expo. renommée.


Une accalmie permet quand même de se positionner dans la queue sans trop se mouiller, la tenue de rigueur restant la veste gore tex, le poncho ou....le ciré de marine, on reconnaît les bretons !

De son coté, l'organisation fait un bon boulot en divisant la queue en quatre ou cinq, par n° de dossard, et ça va finalement assez vite.

En rentrant sur le parc, c'est un mini chaos, le vent d'orage à couché pas mal de barrières, soulevé les tapis, fait tombé les trépieds des baffles en bout de rangées. Des vélos arrivés là avant l'orage sont au sol, dans des flaques d'eau.                                              
Les tapis bleus sont noyés sous plusieurs cm d'eau, et l'organisation nous demande de ne pas disposer les vélos sur les barrières comme d'habitude mais de les caler du mieux possible au sol ou ailleurs sans risque de les voir malmenés par des rafales qui pourraient encore venir.


Mon emplacement, rangée 24, en queue de gondole coté lac, au top ! Sûr de ne pas avoir à chercher sa monture quand on sort de l'eau.



Le vélo est donc laissé là, pour une nuit, avec un gros sac poubelle découpé pour l'occasion, recouvrant la selle, la chaîne, le dérailleur avant et arrière.



J'ai du mal à laisser mon vélo sur ce parc détrempé et l'imaginant sous la pluie toute la nuit....mais on sera 1300 à devoir le laisser dans les mêmes conditions, pas le choix.
En ressortant, je croise des experts qui font le décompte des dégâts sur différents matériels couchés au sol, qui par endroits entravent le passage.
Une nuit de réparation attend les techniciens afin de rétablir lumière et son sur le parc, tout doit être prêt pour demain, 4h30 à l'ouverture du parc et l’accueil des 1300 coureurs.

La préparation des affaires de course est un peu compliquée, avec la pluie qui tombe encore au retour sur le camping et les idées qui ont du mal à suivre.....faut rester concentré, la course commence maintenant. Ne rien oublier, le check-list est méticuleusement fait, le choix des vêtements, de l'alimentation, faire rentrer ça dans la caisse imposée par l'organisation, le reconditionner dans un sac à dos , plus pratique pour la descente d'une 20 aine de minutes jusqu'au parc au plan d'eau.

Tout est ok, on peut préparer le repas du soir, céréales méditerranéennes et tomates.

Au lit vers 21h30, c'est parfait, suffisamment tôt pour bien dormir. Réveil réglé à 3h15.
La nuit est assez bonne, bien que, quelques réveils soient venus l'entrecouper, je ne peu pas m'empêcher de regarder l'heure, 11h20, chouette, encore 4h00 de sommeil.....1h50, hummm, reste encore 1h30 environ, je me sens déjà assez reposé et replonge jusqu'à....3h10, le réveil n'aura pas à sonner.

Je sors de la tente, tout est tranquille, un coup d’œil vers le ciel, quelques étoiles sont là, pour me rassurer, ça n'a pas l'air complètement pourri. Le thermomètre indique 12,7°C, ça colle avec les prévisions, il annonce aussi des grosses pluies.....j'essaie de rester optimiste et m'interdit d'aller sur la page de météo France. Je prends le temps de préparer un café, mon bol de céréales + lait de soja (j'ai arrêté le lait de vache depuis 72h00), biscuits Gerblé petit dèj., tout ça en mâchant du mieux possible, la course se joue aussi sur ce genre de détails. (je pense)
Petit tour au toilettes, la tri fonction sera cette fois enfilée seulement sur le parc, juste avant la combi., ça évite les gymnastiques compliquées et les pertes de temps.

4h20, tout est OK, je me sens bien incroyablement serein. Je peux descendre. Un petit bisous à Ursula, c'est parti ! Sac au dos, caisse pliée sous le bras.

La descente sur le parc se fait en solitaires, quelques voitures passent, des Zombis triathlètes au volant. Au loin, les phares et feux convergent aussi tous dans la même direction, quelque chose se trame dans l'obscurité, mué par cette même énergie, "l'Embrunman énergie", qui se libère petit à petit et qui irrigue les veines des participants, de leur proches venus les soutenir, un élan extrêmement positif.

L'entrée au parc se fait après avoir franchi le comité d'accueil des vigiles de la sécurité, bracelet coureur, casque sur la tête, jugulaire fermée, dossard et marquage doivent être visibles, un peu plus loin, on recommence avec les arbitres qui veillent à ce que rien ne dépasse de la caisse, mince, je déplie la caisse et y bourre mon sac à dos. Ok, « bonne course » me souhaite l'arbitre, la moquette bleue est là pour accueillir les pas feutrés de 1300 athlètes au départ.

Je vois que je suis relativement plus tôt que les années précédentes et c'est confortable de prendre son temps, sans stress. Rangée 21, tout au bout, coté lac, mon vélo m'attend, il n'a pas bougé et le sac plastique aura joué son rôle protecteur au poil.

Je procède aux préparatifs habituels, vélo sur la barrière, suspendu par la selle, le compteur mis à zéro, le braquet sur 34/16 pour partir facile sans cramper sur les pédales, élastiques sur les chaussures, accrochées au pédales, élastique sur blocage de roue à gauche, sur le dérailleur avant à droite, disposer la caisse sous la chaise, chaussure de course à pied « prêtes à », avec chaussettes dedans, dessous, le sac trail avec mes ravitos perso. (compotes de fruit, barres salées) et 75 cl d'eau, une casquette pour.....la pluie ( !?) … le tout sous un sac plastique afin de ne pas les retrouver pleine de flotte à mon retour de vélo. Les affaires sèches d'après course sont aussi là dessous dans un autre sac plastique.

La veste vélo est posée sur le dossier de la chaise, dans les poches du dos, barres salées, nougat et pâtes d'amandes + biscuits ptit dej. Gerblé et compote de fruits, mais aussi la veste coupe vent.
Les manchettes sur les accoudoirs, chaussettes sur le plat de l'assise.....
Il est temps d'enfiler la tri fonction, dans la noirceur du parc qui commence à s'agiter, le DJ balance de la musique pêchue, contrairement aux années d'avant ou un silence presque absolu y régnait.
J'aurai préféré des trucs un peu plus soft qu'une espèce de salsa techno peu propice à la concentration dont j'ai maintenant besoin.

Après la tri fonction, la combi est vite enfilée, la température est assez agréable. La montre allumée en mode « multisport », les bouchons auriculaires autour du coup et le bonnet coincé dans le coup de la combi, un dernier coup d’œil à la chaise en répétant les gestes qu'il faudra faire à la sortie de l'eau pour ne pas perdre trop de temps. J'ai les idées claires, preuve que le stress n'est pas au maximum, juste ce qu'il faut pour attaquer sans mollesse.


Je me dirige vers le sas de départ qui n'est pas encore ouvert, assiste au départ des femmes, 5h50, 10 minutes avant la meute pour ne pas subir les affres du tambour de machine à laver, mode essorage.
Tout de suite après le sas s'ouvre, on ne change pas les habitudes, à droite toute, le plus devant possible pour ne pas trop subir le raz de marée de près de 1300 gars à l'eau (- 69 féminines je crois).
Je me rapproche de l'eau pour mouiller mes lunettes et diluer l'anti-buée que j'y ai mis. J'entends soudain la clochette, celle qu'Ursula amène à chaque course et qui me permet de la localiser à tous les coups. C'est chouette, elle est juste là, à 5 m, tassée dans la foule qui c'est entassée pour ne pas louper ce moment hallucinant du départ de nuit.

Stéphane Garcia, incontournable animateur des triathlon de l'hexagone est là qui chauffe le public et les coureurs. On entend la même musique à fond les manettes quelques minutes (encore et toujours Kavinsky – Roadgame > https://www.youtube.com/watch?v=N8ZAx_OvKpM)
......puis plus rien, problème de sono....comme un peu chaque année, mais bon, on regarde nos montres, le mec de derrière me fermera la combi, les bouchons dans les oreilles, bonnet sur la tête, lunettes sur les yeux, on peut enfin y aller, on applaudit, on est dans sa bulle, il fait noir, les spectateurs crient des « allez Marcel (Zamora, quintuple vainqueur)», « Allez Papa » « Allez Tonton », les visages se crispent la tension est maintenant palpable, je me projette dans les minutes qui vont suivre, se placer, placer sa nage, profiter, profiter de ses instants uniques, l'émotion est au taquet.....le stroboscope est en marche, les flash des appareils photos crépitent....




Embrunman, NATATION - 1 h 05 min 23 Sec



Pan !

Le coup de feu du départ est donné, toujours un peu surpris, il faut y aller. Pas très loin de la première ligne, ça cours d'entrée de jeu, les spectateurs sont en furie, ça gueule de partout, les trompettes / klaxons sont à fond, les premier 50m sur un gravier roulé pas confortable du tout avant de toucher la flotte, ça continue à courir une vingtaine de mètres encore jusqu'à ce que l'eau m'arrive à mi-cuisses, devant, une gerbe de flotte s'élève dans le halo d'un projecteur porté par un bateau à gauche, un plongeon "delphin", un autre, maintenant il faut nager. Je suis heureux d'être là, je nage avec le sourire (!), mélange d'émotion et d'envie d'en découdre. Combien de fois ai-je imaginé ce départ pendant les longs mois de préparation ?

On peut cliquer sur ce lien https://www.youtube.com/watch?v=oxevQv9sdko 
avant de cliquer sur le "play" de la vidéo en dessous, j'aime bien ce morceau, je trouve que ça va bien avec l'atmosphère ce que je veux décrire et donne aux images et au texte qui suit une 3 ième dimension.....


L'obscurité est vraiment importante, comparativement aux deux éditions précédentes auxquelles j'ai participé, la couverture nuageuse à vraiment gardé la nuit noire pour ce départ, ça brasse aussi beaucoup plus et je me prend pas mal de tartes sur les premier mètres nous séparant de la première étroiture entre le ponton à droite et la première bouée à gauche.



Coups de talons, coups de coudes, passages de mecs sur mes jambes,mon dos, j'ai la mauvaise impression d’être piégé dans un filet de thons qu'on remonte derrière un chalut, ça nage dans tous les sens, bizarre pour des mecs qui devraient pourtant tous aller dans la même direction. Je nage pas mal en « water polo » pour essayer de distinguer les bouées mais ne voit pas beaucoup plus loin que les quelques mètres devant moi, des bras, l'eau soulevée par les nageurs, les flashs sur la rive droite mais pas vraiment l'implantation du parcours. A ce moment là, ma nage est loin d'être propre et l'énergie déployée à m'extirper de la nasse m'essouffle, je me dis que ça ira mieux après la première bouée, on va patienter.
Le ponton arrivé très vite en effet, malgré le chahut, je profite de ce passage ou le son des spectateurs et leur masse est hyper motivante, on oublie un moment la bazars dans lequel on est, l'esprit s'évade, en lévitation au dessus de la masse des nageurs, paf, encore une tarte, l'esprit réintègre finalement très rapidement mon cerveau, au passage de boire une tasse assez copieuse de la bonne eau du lac, je n'avais pas prévu ce point de ravitaillement, passons.

Seulement 300m sont effectués et le sourire à quitté mon visage. Je me demande de quoi sera fait la suite de la course en restant malgré tout positif, les 3,8Km ne dureront pas une éternité, on va essayer de s'économiser un max. pour attaquer la partie vélo le plus frais possible.

Une respiration plus loin, dans le ciel, une lueur intense, rouge. Ce que je prends d'abord pour un hélico. Est en fait une fusée parachute, elle est belle, tout le lac se retrouve noyé de cette lumière, l'eau, sur chaque bord de chaque clapot reflète la belle couleur. Un lac de sang, c'est là dedans que nous nageons, rorquals des îles Féroé un jour de lâcher de cons qui continuent chaque année à massacrer des milliers de ces animaux !



Ça oblique sévère à droite pour aller chercher la bouée des 500m, toujours très dense.....la bouée du demi-tour n'est pas visible, le camion de pompiers sur la digue et son gyrophare sont par contre bien visibles, on vas caler là dessus. J'arrive enfin à placer des mouvements complets sans avoir à les couper sur le dos du mec d'à coté, je nage comme ça un petit moment avant de me rendre compte que je suis en fait complètement trop à droite, grrrr, aller, on va se faire une raison, il semblerait que ma partie natation d'aujourd'hui ne soit pas la meilleure qui soit, on va prendre notre mal en patience et se concentrer pour limiter la casse. La bouée du demi-tour est là, ça tarte toujours, un mouvement de ciseaux, aï, crampe derrière la cuisse gauche, mince, là, je m'y attendais vraiment pas, on reprend en crawl et on se calme.....arrive la fin du premier tour, ça tourne, mouvement de ciseaux, et paf, crampe au mollet droit, bon....il semblerait que rien n'aille plus, qu'est ce que c'est, je n'ai jamais de crampes en nageant, le stress ?

Le jour commence à pointer son nez et les lueurs de quelques rayons de soleil sont de bonne augure et illuminent les sommets autour, c'est la magie d'Embrun. Enfin, la densité des nageurs diminue, le demi tour du deuxième tour arrive, avec lui, on sait que la sortie de l'eau n'est plus très loin et je me projette dans les gestes de la transition à venir. Je suis un moment la ligne d'eau tirée entre les dernières bouées, ça à le mérite d'aller droit, un bateau bleu est à gauche, à la même vitesse que le groupe de nageurs qui m'entoure, ça donne un sentiment positif, celui d'avancer.


Le son des hauts parleur se fait plus présent, malgré les bouchons dans les oreilles et le bruissement de l'eau quand on nage. Je sais que la sortie est éminente, je me prépare à retrouver la position debout, accélérant le mouvement de battement des jambes, j’espère que les crampes ne vont pas durer, on sait qu'elles peuvent repartir aussi vite qu'elles sont arrivées, on sait aussi qu'elle peuvent ne pas nous lâcher, quel sera mon sort ?
Plus que quelques dizaines de mètres, le public est hyper dense sur la rive, massé derrière les barrières, ça fait beaucoup de bruit, je continu d'avancer, le gravier du fond du lac soudain apparaît, il est temps de se lever sur ses pieds, je sens le fond, mais encore trop loin pour marcher, je reprend la nage sur quelques mètres encore, cette fois c'est bon. Je touche le sol, me redresse, commence une marche dans l'eau, de la main droite, cherche la sangle dans le dos pour l'ouverture de la combi. Tire sec dessus, quitte la manche gauche, sors sur la moquette bleue, commence à trottiner en désenfilant la manche droite, me retourne vers le chrono. Situé à gauche à la sortie de l'eau,1h05min23sec....un peu moins de deux minutes de plus que l'année passée, fallait s'y attendre, mais c'est peenut's, la course peut enfin commencer ! (place 275 au scratch, 144 Master M)

Embrunman 2015: TRANSITION 1 - 5 Min. 22 Sec.




Je continue a trottiner, (vidéo de la sortie > https://www.youtube.com/watch?v=tLDi4rTia_8&feature=youtu.bela cloche d'Ursula retenti mais je n'arrive pas à la localiser, la foule est trop dense, je continue, au virage de l'entrée dans le parc je saisi au vol un verre de thé chaud, en boit deux gorgées en m'en renversant la moitié dessus, un thé vert, sans sucre qui me sort de ma torpeur. Le parc à l'air plutôt très plein, bon signe, peu sont déjà partis. Les rangées se suivent, 01,02,03......24. Stop. Mon emplacement est là, hyper pratique d'être en bout de rangée, plus de place et moins temps perdu à chercher éventuellement.
Vite, finir de quitter la combi, la ranger méticuleusement derrière la chaise pour éviter qu'elle cuise au soleil....heu, le soleil ? Quel soleil.
Déjà j’entends la cloche derrière les deux rangs de grilles, Ursula est juste là, ça fait du bien de la voir, je reste pourtant hyper concentré, totalement absorbé par la course. Vite, essayer de s'essuyer rapidement avec une petite serviette éponge que j'avais gardé sur la chaise pour ça, ne pas oublier de m'enfiler rapidement 
un petit sachet de compote, enfiler la veste, délicatement, ne pas vider le contenu des poches sur le sol comme l'année passée (hé...on apprend un peu avec le temps)les manchettes, toujours aussi compliqué sur une peau encore bien humide, , le casque, s’asseoir pour enfiler les chaussettes, ben voilà, pas si sorcier, on peu décoller. J'attrape le vélo, le retourne, y'a plus qu'à pousser jusqu'à la sortie du parc. Cette année, il y a plus de place pour sortir j'ai l'impression. Virage à gauche, petite ligne 
droite, la ligne de sortie est visible, marquée par la présence d'un arbitre qui veille à ce que personne en grimpe sa monture avant la ligne sous peine de « stop and go ».







Embrunman 2015, VELO : 7 H 34 Min. 25 Sec.

C'est mon tour, j'enfourche sans précipitation mais en gardant l'élan suffisant pour continuer à rouler avant d'atteindre les pédales sur lesquelles sont fixées les chaussures. Les pieds s'y posent, quelques tours de pédales, les pieds s'y glissent, encore quelques tours pour gagner un peu de vitesses, les velcros sont fermés, on peut enfin pédaler, le tapis bleu, toujours là, l'amorce du premier virage à 180°, le goudron gris et mouillé remplace le tapis, c'est parti.
Je profite des quelques mètres de plat pour boire abondamment avant d'obliquer à droite pour attaquer les 16 premier Km de pente, sans répit, c'est tout de suite assez raide. On tombe quelques dents et le public d'une densité toujours hallucinante dans ce premier Km de montée aide à garder la cadence. Attention tout de même de ne pas trop s’enflammer, je profites de ces moments magiques, tout le parcours ne sera pas aussi animé. Une petite voie dans ma tête me le dit et me le répète, « profites ».
Je me sens super bien dans les premiers lacets,les premiers kilomètres nous font gagner en hauteur de manière rapide, on voit b bientôt le plan d'eau et je regarde avec compassion les mecs encore d'ans l'eau qui à cette distance ne sont pas plus gros que des canards, espacés et laissant un sillage net en forme de « V » derrière eux. Ça me donne la pêche (désolé les gars).
Je ne suis pas encore à Saint Apollinaire qu'un brouillard épais arrive de l'Ouest et remonte doucement fermant la vue en quelques minutes. Le temps est désormais maussade.
La bascule arrive assez rapidement, le rythme est bon et les cannes semblent être de la partie aujourd'hui après les premier 900m de dénivelée, je double pas mal de mecs, ça m'étonne parce que je suis dans l'idée de temporiser pour éviter le coup de moins bien trop tôt, on va continuer comme ça.
Les premières nanas sont aussi rejointes, je les encourage, elles sont peu et j'ai beaucoup d'admiration pour celles qui sont là aujourd'hui.
La descente est gérée prudemment, moins rapide que l'année passée avec en plus des mecs qui m'empêchent de passer sans prendre de risque à l'abord des derniers lacets avant de longer le lac, je reste derrière.
Le pont au-dessus de la nationale est négocié toujours aussi prudemment, on ralenti, le virage à 180° pour atterrir sur la route le long du lac et mouillé et glissant, ok, ça passe, je relance pour me placer sur les prolongateurs et profiter de ces quelques kilomètre où ça roule vraiment, le pont sur le lac est là devant, des groupes de gars sont devant, pas toujours dans les règles au niveau des distances de la réglementation (drafting), une voiture me double et se rabat rapidement (trop) sur les mecs de devant au moment de croiser un autre véhicule arrivant en sens inverse, un des mec tape sur la bagnole......ça passe, juste. L'impatience du type en bagnole aurait pu coûter la course d'un ou de plusieurs gars, peut être la mienne, rester vi-gi-lant !
Après le pont, le faux plat de Savine, là aussi, des masses de spectateurs se sont agglutinées au bord de la route, certains s'enflamment, je reste dans le rythme sans accélération, assis avec une bonne cadence, pas mal au cannes, contrairement à l'année passée où j'avais déjà senti à ce moment que c'était pas un bon jour.
Le moral est au beau fixe, « profites ».
S'en suivent quelques bosses en longues lignes droites le long de la nationale, la route est ouverte sur cette portion peu agréable et on doit un peu slalomer de temps à autre avec des voitures un peu lentes pour doubler des coureurs placés sur la piste cyclable laissant trop peu d'espace pour doubler entre voiture et vélo, mais globalement,ça va . Je profite de ces kilomètres roulant pour m'alimenter, une barre de pâte d'amendes, à mastiquer et accompagné de quelques gorgées de flotte.
Embrun se rapproche, je sais que vient bientôt le rond point des Orres, point stratégique où un maximum de monde attend les coureurs, Ursula devrait s'y trouver.
Au fur et à mesure qu'on s'en rapproche, le nombre de personnes sur la route augmente, l'espace entre eux se resserre pour finalement ne donner qu'une file de plus en plus épaisse ? Ça crépite d'applaudissement, des holas sont formées à chaque passage, la cloche, je l'entend, Ursula est à gauche, ouai, je la voit, me redresse, ralenti, sors le pied droit, lui rentre presque dedans, je m'arrête pour l'embrasser....
puis repars les gens autour sont amusés (à part les deux gendarmes sur le rond point, hyper tendus) j'ai la banane, le pied retrouve la pédale, clac, ça repart pour LA montée d’anthologie, 1Km de foule digne d'un Alpe d'huez rigoureusement.....désordonnée. Ça gueule, ça chante, ça trompette, ça tape dans le dos, c'est juste trop bon, pas d'autre mot, passage dans le bain de galvanisation à chaud, le cœur n'en peut plus, obligé de lâcher à haute voie des « c'est trop bon », « merci les gens », « vous êtes trop forts, merci », des mains se 

tendent pour être claquées, on joue le jeux, c'est le festival....  « profites ».
Dur de quitter cette ambiance, le rond point qui suit sonne la transition, on se retrouve tout à coup seul avec la route, seul avec la course. La concentration revient très vite, on se replace sur les prolongateurs pour ces quelques kilomètres de montagnes Russes, faut plats, petites descentes, re-bosse. Sur ce parcours, je double encore quelques mecs mais les allures ont tendance à se stabiliser autour, des petits groupes (à distance réglo) se créent, on se double on se laisse doubler, on se redouble....notamment avec deux bretons en tri fonction rose fuchsia. Ça passe devant, je repasse, etc... et ça permet de toujours relancer sans s'endormir sur ses lauriers....jusqu'à ce qu'ils décident un arrêt au stand pour lâcher du lest.
Au même moment, une petite nana pointe son nez, sans bruit, avec une cadence hyper véloce qui passe devant mine de rien. Tiens, elle va bien. A son passage je lâche un « hé, super, bravo, ça fait plaisir de voir ça »
Et elle passe, concentrée, sans rien lâcher. A un moment ou j'étais peut être en train de trop me la couler douce je me dis que se serait peut être une bonne idée de la garder en point de mire, ça me permettrait de relancer et voir sur quelques kilomètres si c'est jouable ou pas, sans me cramer. De là s'en suit une alternance de devant/ derrière, cette fois sans rien dire, ça roule bien. Les dépassements et les poursuites se font à distance réglo. et c'est hyper sympa. Ça dure comme ça un moment jusqu'à ce que le route se redresse à l'attaque vers Guillestre. On est cote à cote et on en profite pour échanger quelques mots. Elle est Canadienne, de Vancouver mais vit en France de puis quelques années, en Ardèche si j'ai bien compris. Elle pédale avec beaucoup de facilité, on discute de la météo, de ce qui semble vouloir nous tomber sur la tête, ça n'a pas l'air de la gêner, à Vancouver, la météo n'est pas la même qu'à Montpellier, et aujourd'hui, c'est un avantage.
Puis la route devient à nouveau plus roulante et le petit jeux des relances peut recommencer. Quelques kilomètres avant l'attaque de l'Izoard, je regarde mon petit tableur, celui que je traîne sur mes prolongateurs depuis deux éditions qui me permet de faire un point sur les temps de passages et de me situer dans la course. Je suis à quelques minutes de mes temps d'il y à deux ans, bien dans les cannes, bien dans la tête. C'est le moment de prendre une deuxième barre, aller un petit nougat, miam. Kiara, c'est le nom de ma super Canadienne, elle, est en train de s'envoler en prenant l'avantage, je laisse partir, c'est au dessus de mes capacités, je joue la prudence.
L'attaque de l'Izoard proprement dite arrive, je vois le virage à gauche ou tout à coup les pourcentages augmentent pour nous amener dans la vallée d'Arvieux en quelques lacets.
Les dérailleurs envoient presque tout à gauche, je relance de temps en temps en danseuse mais essaies de rester assis avec un peu plus de puissance pour garder quelques dents en réserve, connaissant ces 16 kilomètres maintenant assez bien et sachant qui si j'arrive à Brunissard avec déjà tout à gauche, les derniers 8 Kilomètres vont être (trop) durs.
Je pédale comme ça jusqu'à Arvieux où la pluie fait son apparition, alterne ensuite les passages en danseuse et assis en alternant vélocité et passage plus en puissance.....vient Brunissard, toujours aussi raide et surprenant ce premier virage à droite, mais si on le connaît alors on sait que c'est un court mauvais moment à passer, ensuite ça se calme, les virages donnent des moments de répits avec des parties plus planes. La pluie, sans être forte, commence à bien mouiller. La température reste pour autant assez agréable. En même temps, les manchettes restent bien montées, et malgré l'effort fourni dans ces pentes, je ne transpire pas. La montée se déroule plutôt bien, j'arrive bientôt au replat en sortie de forêt avant la bascule sur la Case déserte. L'endroit est super, ça s'ouvre d'un coup en laissant les sapins pour un paysage minéral, quasi lunaire (même si je n'y suis jamais allé, sur la Lune).
Tiens , la pluie s'arrête, aller, on relance pour la petite descente, quelques 600m/700m pour repasser sur la plaque et reprendre de la vitesse, mais c'est très vite parcouru et ça attaque de plus belle pour les deux dernier kilomètres avant le col, au détour des premier virages, à hauteur de la stèle dédiée à Louison Bobet et Fausto Coppi, attend sous un parasol le photographe de « tintin photo », il shoote tous les ans les coureurs de l'Embrunman, sans relâche, fidèle au poste. En regardant la photo sur le site, on voit bien la différence entre l'an dernier et cette année, un subit, l'autre s'éclate.
Passé ce petit moment de détente, on a le col en vue, deux derniers lacets bien raides et c'est la col, certains disent que l'Embrunman commence après l'Izoard, c'est pas faut. Si t'arrive là déjà flingué, c'est que le reste sera très très dur. LA dernière courbe à droite avant le col, les spectateurs, malgré la pluie et le froid sont quand même là, assez nombreux. Tout un groupe équipés de cloches de vaches est là qui les fait tinter et ça en devient assourdissant. On se croirait d'un seul coup plongé au cœur d'un troupeau, ou vache soit même ?....
Le col est rejoint à 11h19, à 3 minutes de mes prévisions optimistes, je me sens toujours bien. A peine le temps de rejoindre l'emplacement où sont entreposés les sacs de ravitos perso. Que le numéro de dossard est crié et le sac tendu à bouts de bras par un bénévole . Chapeau, on est servis comme des pros, merci les bénévoles. Ils sont exceptionnels ! Il fait un froid de canard. Je salue les bénévoles une fois de plus pour leur ténacité et leur engagement.
Dans mon sac, des mini sandwiches salés,
fromage à tartiner aux noix et jambon cuit, j'en avale deux à toute vitesse et en garde deux pour la suite, un vrai moment de bonheur. Je profites de ce temps de mastication pour tirer la veste coupe vent de ma poche arrière et l'enfiler rapidement, faire le complément des poches arrières avec le reste de ce que j'avais prévu pour manger, des biscuits petit déjeuner Gerblé, une compote fraise et quelques barres salées. J'attrape encore un bidon d'eau et c'est le temps de descendre.
Malheureusement, la vue est totalement bouchée, on ne verra pas les Ecrins ni le Pelvoux, faudra revenir !
Les premiers virages au dessus du refuge Napoléons sont raides et une première petite frayeur dans la première courbe me rappelle à l'ordre. Les jantes sont mouillées et le freinage est beaucoup moins efficace que d'habitude, je manque me faire une bordure, ok, ça donne le ton, va falloir lever le pied. Les virages d'après seront négociés beaucoup plus sagement, c'est pas le moment de se la mettre.
La descente sur Briançon qui d'habitude est un vrai régal devient du coup beaucoup moins
amusante sur route mouillée et ça gèle sévère. Je regarde mes cuises mouillées, j'ai la chair de poule, mes pieds sont trempés. On en prend plein la tronche pour pas un rond, avec cette impression de pouvoir partir dans chaque courbe, pas terrible.
J'arrive bientôt sur Cervière, je rejoins un petit groupe de coureurs qui descend encore moins vite que moi et parvient à les doubler dans la ligne droite de sortie du village avant la grande courbe à droite.
Les kilomètres qui suivent sont beaucoup moins pentus et les courbes plus légères, je me pose sur les prolongateurs en essayant d'optimiser au maximum la vitesse à prendre, se sont des kilomètres gratuits. Mais qu'est ce que ça caille ! Un petit filet d'eau coule en continu à travers le casque depuis mon crane vers le front pour s'écouler au bout du nez. J'ai peur de chopper la crève.
J'ouvre, non sans mal, un petit sachet de biscuits, secs et grillés, leur goût me place dans un sentiment de confort...se sentir comme à la maison, alors qu'on est les fesses sur une selle de vélo, qu'il pleut, qu'on c'est enquillé les 3,8 Km de natation avec ce départ à 6h00 et qu'on a déjà plus de 100 bornes de vélo dans les pattes. Bizarre ce qu'un petit biscuit peut provoquer comme sensation, pourtant ça marche.
Ça roule de mieux en mieux et j'approche de Briançon en traversant Font Christiane, la rue est étroite et le revêtement mauvais, quelques spectateurs sont là, encore quelques virages avant le rond point de Briançon, là, le rond point est noir de monde, parapluies ouvert, ça encourage pourtant bien. Cette année le parcours nous envoi à droite toute, dans une rue défoncée le long de chantiers où trous et bosses malmènent les roues des vélos. Ça ne dure pas longtemps heureusement, on traverse la zone industrielle, sans doute le passage le plus ennuyeux de ces 188 Kilomètres, avant de rejoindre la nationale ou on retrouve la civilisation sur une route ouverte où seul le bas coté nous est réservé. Heureusement, pas trop de circulation. Là, je commence à sentir le vent de face qui, contre les prévisions qui le prévoyaient de dos, est bien levé. La pluie et le froid n'auront donc pas raison de ce courant d'air qui remonte la vallée pour bien nous freiner.
A cet instant il reste environ 80 Kilomètres à boucler avec les redoutables passages du Pallon au Km 141 et le col du Chalvet pour les derniers 7 kilomètres de montée avant de fondre sur Embrun et laisser le vélo pour la course à pied.
Curieusement, cette année, je ne m’affole pas, on va les gérer tranquillement. Entre ces deux difficultés majeures, on pourrait croire qu'il s'agit d'un parcours descendant pépère en regardant rapidement une carte, mais se serait se tromper que de l'imaginer comme ça. Il s'agit en fait d'une succession de montées et de descentes assez casse pipe. Difficile de trouver son rythme sur ce genre de parcours. Montée sur les Vigneaux, l'Argentière, je me réchauffe enfin et quitte ma veste en roulant. Va falloir pourtant s'arrêter, après l'avoir reporté maintes fois, j'entreprends forcé une pose pipi.....une dizaine de mecs passent, grrr.
Attention le Pallon pointe son nez, aï, ça pique, 2 kilomètres à près de 12%, là, pas le choix, tout à gauche et patience en 34/28. Quelques énervés me doublent, chauffés par le public nombreux là aussi. Je sais que si je m 'énerve là dedans je vais le payer plus tard, mieux vaut donc rester 30 secondes derrière maintenant que de marner sur la marathon où là se seraient plusieurs minutes qui fileraient. Bonne nouvelle, je ne me sens pas rincé, les cannes répondent même plutôt bien, hummmm, serais-je dans un « grand jour » ?
Descente vers Réottier, oups, j'avais presque oublié, le pont est en travaux, la mise à pied est obligatoire et l’organisation à fait du super boulot, tapis bleu sur tout le pont, Royal. J'en prof
ite pour déballer mes deux derniers sandwiches et les avaler, remettre la veste, la pluie devient assez forte. Le pont c'est retrouvé transformé en pissotière géante, c'est marrant, on croirait voir une scène du film Bienvenue chez les Chtis (http://www.dailymotion.com/video/x55wpp_bienvenue-chez-les-chtis-pisse-sur_fun) après la X ième binouze à pisser du haut du pont, à Bergues, même météo, pas le même breuvage, et plein de blagues foireuses. Les gars ne se prennent pas la tête, c'est marrant de voir ça sur cette épreuve, et tout le monde repart de bonne humeur, jurant gentillement contre cette maudite pluie !
Revient le passage des montagnes Russes, usant malgré tout plus qu'à l'aller. J'ai hate de voir Embrun et d'attaquer le Chalvet. Je suis heureux d'être là, encore un biscuit ?
Le pont neuf pointe son nez, dernier ravito avant l'attaque, j'attrape une banane, faut bien ça pour tenir sur la course à pied.
Chalvet, aller, on va voir ce qu’il reste dans les cannes. Les premier virages sont assez sages, ça va, ils nous amènent en ville, passage devant la gare où je reconnais mon voisin de camping, venu spécialement de Paris pour assurer un poste de bénévole, de 9h à17h, chapeau !
Les virages s’enchaînent, véloce sans trop forcer, ça monte bien, encore un biscuit, le dernier du sachet, je fais le plein, la course à pied maintenant dans moins d'une demi-heure ! Un truc marrant, Jérémy jurkiewicz, coureur pro. de Poissy Triathlon fait l'ascension avec un gars qu'il accompagne de loin sur cette dernière partie du parcours et lâche des encouragements quand il passe à ma hauteur, très appréciables, surtout venant d'une pointure comme lui.
Hé, sans blagues, j'ai quasiment fini le vélo ! Je n'en reviens pas. Aujourd'hui, pas un moment de lassitude, tout c'est déroulé comme sur des roulettes, pile poil dans les temps optimistes de mon petit tableur, ça devrait passer dans les 7h30 et des brouettes. Quelques spectateurs sur le bord de la route annoncent le dernier kilomètre avant la bascule, j’aperçois le village.
Virage à droite, la fontaine, le ravito. Je jette un bidon vide pour un bidon plein, boit abondamment une eau (trop?) fraîche, ça fait du bien ! Maintenant, concentration maxi dans cette descente pourrie, la reco d'avant hier m'aide à choisir les passages les moins dégueulasses, déjà c'est le moment de retrouver le bon goudron dans un virage en épingle, attention de ne pas trop prendre de vitesse, il pleut toujours, j'approche du lotissement au dessus du camping, Gernot, Caroline et les filles seront-ils là ? Passage devant le camping, personne, amorce du pont de la voie ferrée, je les voit, dans le virage à gauche, énorme, je pousse un cris « yeahhhhhh », mains gauche en l'air pour les saluer, Ursula à l’œil dans le viseur de l'appareil photo, Caroline est un peu plus bas, c'est chouette !

Je suis au taquet, j'ai un bon feeling, la pêche. Loin les souvenirs de l'année passée, à subir la course sentant les forces m'abandonner au fur et à mesure du déroulé du parcours. Attention, la dernière descente, un véhicule vient de droite, il est stoppé in-extremis par une gendarmette, mes mains sur les freins, je n'aurais pour autant pas réussi à l'éviter sur la route mouillée et à la vitesse à laquelle j'arrive. Je lui lâche un grand « merci » en passant à sa hauteur. Ouf !

Derniers mètres de vélo, virage à gauche, le son des hauts parleurs du parc, la moquette bleue, je sors les pieds des chaussures, continue à pédaler à l'amorce du « u turn » de l'entrée du parc, un coup d’œil à la montre, 7h34 de vélo....héhé, pas mal. Le pied droit passe par dessus la selle, ça roule comme ça sur 2-3 mètres, l’arbitre veille à ce que le pied soir posé avant la ligne d’entrée dans le parc. Yes, c'est fini pour le vélo ! 7 H 34 Min. 25 Sec., 305 ième au Scatch, 137ième Master.

Embrunman 2015, TRANSITION 2 - 4 Min 57 Sec.


Toujours la même surprise de poser le pied par terre après un tour de vélo aussi long. Les premier pas sont assez bizarres, on cours assis. ...mais ça court plutôt pas mal, curieusement, je n'ai mal nulle part et je me sens encore la pêche. Je trottine jusqu'à mon emplacement, les pieds trempés sur une moquette qui ne l'est pas moins, rangée 24, tout au bout, ma chaise m'attend, j’attrape le vélo par la transversale du cadre et le guidon afin de la positionner la tête en bas, la tige de selle sur la barrière, sans heurt, j'avais scotché la veille un bout de mousse bleue pour ne pas avoir à calculer la manière de poser le vélo, et sans avoir à l’abîmer.
Ahhh, ma bouteille de Quézac m'attend, elle a profité de la pluie pour rester fraîche. Je bois abondamment cette eau gazeuse, un vrai régal !
Je n'éprouve pas le besoin de m’asseoir, tire la caisse de dessous la chaise, dégage le sac trail qui contient mes ravitos (2 barres salées + 2 compotes+ eau), quitte la veste coupe vent, la bourre dans la poche arrière du sac, on sait jamais si la pluie s'intensifie, quitte la veste de vélo, la pose sur la chaise, quitte mes chaussettes de vélo, des vraies éponges, enfile les chaussette de course à pied, elles sont sèches, trop bien, un peu de confort après ce vélo très humide, faisant attention de ne pas reposer le pied sur la moquette mouillée, une chaussure, pareil pour l'autre pied, enfile le sac à dos, tourne mon dossard devant, casquette sur la tête.....hé, trop bon, j'ai envie de courir, c'est plutôt bien, justement, y'a un marathon qui s'en vient;-D


Embrunman 2015, MARATHON - 4 H 23 Min. 35 Sec

Je pars, dans le bon sens, contrairement à 2013, halluciné par le sentiment de forme que j'ai. C'est toujours la question que je me pose en vélo, comment vais-je me sentir au départ de la T2 ?
Ca part donc sur les chapeaux de roues (toute relativité comprise) encouragé par une foule hyper dense autour du parc. La bonne idée de l'orga. d'avoir inscrit les noms sur le dossard, ça permet à des « Aller Nico » de fuser de toutes parts, c'est couillon, mais c'est hyper motivant !
Je me surprend à courir confortablement et profite à fond de cet état de forme inattendu. Je cours, comme si je partais de la maison pour un entraînement....la séance d'aujourd'hui sera un peu plus longue que d'habitude, c'est ce que je me dis et me rappelle une sortie de 30 Km à pied enchaînée après 148Km de vélo costaud la veille, ces séances clef qui nous renforcent et nous permettent de penser que si ça l'a fait « confort » il y à deux semaine, y'a pas de raisons pour qu'aujourd'hui ça ne paye pas. Le tour du plan d'eau se fait rapidement, Ursula m'a rejoint d'un petit coup de bicyclette, je lui fait part de mon embonpoint, « je fais quoi ?, je suis à 12,5km/h de moyenne, je ralenti ? », elle me répond « arrêtes de parler, cours », ouai, bon, je me dis que je vais essayer de garder le rythme sans me fatiguer sur les parties plates, quitte à ralentir dans le montées pour m'économiser, je prend un plaisir hallucinant à courir dans ces conditions de forme. Tiens, le soleil fait même une apparition. Je passe sous le pont avant d'arriver au ravito d'avant la cote chamois, je passe le ravito. sans m'arrêter, je commence la montée en courant.....mais après quelques dizaines de mètres, je me dis que je ne vais peut être pas trop tirer sur la carcasse et me mets à marcher, d'un pas tonique pour ne pas trop perdre de temps. Dans le virage, je lève la tête, voir si les parents d’Agnès sont là, au même moment, sa mère qui est effectivement sur le balcon me reconnaît, c'est vraiment marrant comme circonstance, elle me jette un « hé, c'est Nicolas, comment tu vas ? », je lui répond par un « ah...super, cette année je le sors », elle me répond, «  chouette, je vais le dire à Agnès (à Changaï ce jour là) elle sera contente ». Cette petite pose « sociale » me fait du bien, j’aborde le virage à droite, me dis que ce n'est pas si raide et recommence à courir, et ça court bien. En levant la t^te vers le bout de la ligne droite, c'est Gernot que j’aperçois, il vient vers moi, me demande aussi comment je me sens, ben au poil, j'aurais pas rêvé mieux !
Il fait le petit bout de côte avec moi, on discute, il me lâche au moment d'attaquer le trottoir défoncé qui mène au centre ville. Ursula était là aussi en haut du mur, elle prend quelques photos. Je suis aux anges, même dans mes plans les plus optimistes, je n'aurais imaginé courir « La » cote Chamois, c'est fait, on verra ce que se sera au deuxième semi.
Le centre ville est toujours aussi bondé, les terrasses, même sous la pluie, sont pleines de gens qui acclament les coureurs, les prénoms sont criés, on est portés par ce courant d'encouragements, arrive le tapis compteur et sa fanfare de casseroles, ce n'est plus une course, c'est un carnaval.....demi tour à droite, on quitte ce tumulte pour d'un coup, d'un seul, se retrouver seul de chez seul, aurais je oublié les bouchons après la natation, je n'entends plus rien. Un ravito à la fontaine sur la gauche, je ralenti pour chopper un verre de boisson « énergétique » de l'orga., pas mauvais à vrai dire, et repars, virage à gauche, on attaque une partie facile en descente jusque sous le mur ou là par contre, la linge droite reste à gérer, c'est long, droit, et ça remonte légèrement pour croiser l'attaque de la cote chamois où on obliquera à droite pour rejoindre la digue de la Durance. Une hola c'est improvisé juste avant la bascule, c'est ma petite équipe de suporters, haie royale, ça met du carburant dans le réservoir mental, attention, hop, ça tourne à gauche.


Tiens, tintin photo est encore là, sur la droite, les pouces levés, shoot ! C'est dans la boite.


Je sais que la partie jusqu'à Barathier est aussi compliquée, à nouveau la longue ligne droite jusqu'au pont neuf, je marque une pose ravito, gâteau de riz et petit verre d'eau, je repars après quelques secondes, profitant de mon sac à eau pour finir de m'hydrater et tenter de ne pas garder une bouche pâteuse après ce « dessert » sucré. Je suis heureux de pouvoir m'alimenter normalement, c'est la clef de la réussite. Mon allure reste correcte, je continue à courir sans trop souffrir et profites comme il se doit de la course. Le pont neuf passé, c'est une cote d'un bon kilomètre en plusieurs bosses entrecoupées de replats qui commence. Là, toujours surpris, ça cours toujours, boah, si ça le fait comme ça jusqu'à la fin, je pourrais peut être passer sous les 13H00, hummmm, est ce possible ?
Barathier pointe son nez, je n'ai pas marché, hors mis les brefs passages devant les ravitos, la montre donne un 11,5km/h de moyenne, allons y gaiement, maintenant c'est plus que de la descente jusqu'au plan d'eau, que c'est bon !
Le tour du plan d'eau se fait facilement aussi, les spectateurs qui y sont toujours massés y aident sûrement, ça braille à tous va. Les barrières encadrant la parcours de course marquent l'arrivée sur le dernier kilomètre de ce premier semi- marathon, un tour du parc par la droite et arrive la ligne droite d'arrivée, Stéphane Garcia annonce le 11 ième Finisher, je passe sur la gauche, matant la finish line avec appétit, encore un petit tour et c'est plié ! Un coup d’œil sur l a montre, 1h53 de course à pied pour ce premier semi, un calcul rapide....si je maintiens en limitant la casse pour ne pas dépasser les 2h10 sur le deuxième semi, je passes sous les 13h00...Je repars toujours aussi motivé sur ce deuxième semi, ça roule toujours, le tour du plan d'eau, passage sous le pont, je croise Jeanne Collonge au niveau du Ravito, elle va finir son Embrunman dans 3 kilomètres environ, elle n'a pas l'air super bien, j'avais croisé la première féminine dans le virage du plan d'eau après le dernier ravito (1 km environ plus tôt), et vue mon allure...ça la place assez loin en deuxième position, dur dur pour la tenante du record de l'épreuve, double vainqueur 2012 et 2013. La cote chamois arrive, je sens que la fatigue pointe son nez car cette fois, je vais la marcher en entier, discutant avec un « Mika » qui attaque son premier semi. Le trottoir du haut arrivant, je repars, quand même assez bien mais loin de l'état de forme du premier tour.
Ursula est encore là, elle part au centre ville où m'attendent Gernot, Caroline et les filles qui attendent ce deuxième passage. A la question « comment tu te sens » je répond que le moral est toujours super bon mais que ça commence à tirer dans les cannes. Le passage de la fanfare, toujours aussi chaud, le désert juste après, toujours aussi dur, plus de gâteau de riz au ravito, je prend ma deuxième compote et finit mon 75 cl de flotte. Je commence à avoir le genou gauche qui pique, à gauche du tendon rotulien, Késako, j'ai jamais mal à cet endroit !
Bon,ça court toujours, profitant de la descente mais, Km 28, au moment où ça remonte, au passage sous la falaise, gros coup de moins bien. Un peu tout en même temps, la montée, le lieu (loin de tout) le genou gauche, les mollets s'y mettent aussi, je sens la crampe de ce matin à droite, bon, je me dis que ça va revenir mais commence à me dire que si je ne repars pas vite je peux dire adieu à mes 13h00. L'image que j'ai à ce moment est celle d'un pilote qui aurait entre les mains un avion dont tous les voyants du cockpit se mettraient subitement à clignoter, puis, progressivement à passer les un après les autres au rouge. Je garde les commandes mais ne trouve pas la solutions pour faire repasser les voyants au vert.... Ursula arrive, comme par enchantement, je lui dit ce que je ressens, elle me rentre dedans « hé, c'est normal, c'est le mur des 30, allez, repars ! ». Je lui dis que je marche jusqu'à l'oblique à gauche, où ça redescend.... 1 Km en marchant, c'est long....je repars au Kilomètre 30, après avoir fait un gros bras d'honneur à la pancarte de ce kilomètre qui m'avait fait quitter l'épreuve l'an dernier. Ce bras d'honneur est ironique et symbolique.
Je me devais de la faire, je l'avait pensé plusieurs fois sur mes sessions d'entraînement cette année. Ça, c'est fait, cette fois c'est moi qui t'ai eut !

Tintin, encore et encore là, shoote mon deuxième passage, les pouces sont cette fois rentrés, je suis dans le dur.


Je me cantonne à courir d'une petite foulée, la moyenne à pris un gros shoot....aller, on va le sortir, tans pis pour les 13h00. Le pont neuf, virage à droite, la cote m'a tuer (comme Omar), je marche, j'ai vraiment du mal, je me sens zigzaguer sans arriver à maintenir un cap....., pas bon signe. Je continue à m'alimenter aux ravitos mais ça commence à coincer niveau estomac, Ursula me rejoins 500m avant Barathier, je promets de repartir à la bascule, j'ai aussi trouvé un compagnon d'infortune, on se motive pour repartir, il ne reste plus que 7 Kilomètres, dont 3 de descente, on est bon, on le sort cet Embrunman, non d'un chien !
Bonnant malant, ça repart, le genou fait de plus en plus mal, le haut des épaules et la nuque aussi, c'est tellement tendu que ça brûle, j'espère ne pas me blesser en tirant sur la bécane, on court cote à cote comme ça avec le dossard 669, Valentin, on se dit que le petit footing qu'il reste à faire, c'est du miel, il faut profiter des derniers instants de cette course d'anthologie, même si c'est dur.

Je m’étais habitué au confort d'un état de forme inattendu sur les premier 28 Kilomètres, le reste, du coup demande au mental de faire son travail. Mais petit à petit, je sens que ça revient, les voyants passés au rouge reprennent une couleur plus sympa, je sens aussi l'arrivée qui se rapproche, les forces reviennent. Le passage sur le pont, sur ce trottoir pourrit, signe les derniers 4 kilomètres de plat, aller, un dernier « U turn », ça passe au ravito, un arrêt coca, ça repart doucement en marchant d'abord jusque sous le  
pont, puis ça recourt, ça recourt de mieux en mieux même. Arrivé au dernier ravito, deuxième coca, Valentin me dit de ne pas l'attendre, j'insiste une fois puis m'en vais, il me dit ne plus en pouvoir, aller, à +, après la finihsline. Les deux dernier kilomètres, c'est la fin, se sont les dernières minutes de course, je voudrait presque le crier à qui veut l'entendre «  j'ai fini, plus que bornes », plus que 2 bornes à savourer le bonheur d'avoir fait cette course, avec des conditions pas faciles au niveau météo, d'être passé à travers et d'être là, se sentir vivant comme jamais. Les barrières, je tourne à droite, attention à la marche, je double des mecs, le tour du parc par la droite, « profites », derniers hectomètres, aperçoit Muriel et Léna, claque la main de Muriel, blague avec Caroline, je lui dis, "j'en 
ai marre, j'arrête, je finis pas", un mec derrière la barrière me prend au sérieux (!?), me dit de repartir, et comment, Ursula est sur la droite, je croyais qu'elle finirait la dernière ligne droite avec moi mais reste derrière la grille, elle prend une photo puis cours, toujours derrière la grille, elle filmera ces instants, (vidéo > https://www.youtube.com/watch?v=zeFCQs0nDZE) derniers pas vers l'arrivée de l'Embrunman, Stéphane Garcia précise qu'on est sous les 13h15, je double encore quelques mecs, un coup d’œil sur le chrono de la ligne d'arrivée, 13H13min et quelques secondes, je passe la ligne, jubile, mais que c'est bon ! 


Temps total de course, 13 H 13 Min. 44 Sec., 332 ième aun scratch, 145 ième Master.