samedi 8 juillet 2017

StonebrixiamanXtri 2017: Après la course



La météo se gâte de plus en plus, la nuit tombe, il est temps de se rapprocher de la gare du téléphérique où nous attend la salle chauffée du restaurant d'altitude, véritable refuge pour les finishers du StoneBrixiaMan.

On quitte le gris qui nous enveloppe, attirés comme des papillons vers la lumière chaude qui transparaît pas la petite porte vitrée du sas d'entrée du bâtiment imposant.
Cette lumière, avant même d'avoir franchi le seuil de la porte, réchauffe mon intérieur. Elle est synonyme de victoire, de confort et de chaleur.

La porte s'ouvre, je ne me souviens pas vraiment de ce que je regarde à ce moment là, mais je suis saisi par une vague sonore qui se déclenche à peine la porte refermée. L'ensemble de la salle, acclame le nouvel arrivant que je suis, les « bravo » « grande » fusent noyés par le flot des applaudissements. Je suis sous l'effet de surprise, est ce vraiment pour moi ? Je lève alors la tête, regarde perplexe autour de moi, et les regards que je croise sont brillants d'émotion, ceux des finishers arrivés avant moi, de leur famille, du staff, qui convergent vers moi......é-mo-tion !

Il en sera de même pour chacun des arrivants qui suivra, lové par ce flot, un accueil incroyable, celui d'une grande famille unie par l'effort, par ce lien invisible qui rassemble les protagonistes d'une épreuve terrible.

Ce passage franchi, il est temps d'enchaîner par le buffet mis à la disposition des coureurs et accompagnateurs....vais-je pouvoir, comme l'an dernier, manger normalement après les spasmes à répétition. J'opte pour une soupe de gnocchi au court bouillon, une bouteille d'eau pétillante.....
A table, j'ai pas une grande énergie et l’appétit n'est absolument pas au rendez-vous. Des petite gorgées de bouillon chaud, suffisamment espacées, je me dis que ça devrait passer.
Je dois pourtant me résoudre à refiler ma soupe à Ursula, ça ne passe pas.

Le temps dehors s'est encore gâté, le vent souffle maintenant en fortes rafales et les averses de pluie viennent fouetter les grandes parties vitrées de notre navire coté Ouest.
Les "ola" de bienvenue des coureurs se succèdent, je fais l'effort d'y participer, malheureusement sans beaucoup d'enthousiasme. Je me retourne quand même toujours pour voir qui c'est......je vois soudain une belle image, celle d'un Roland, le visage éclairé par un large sourire, ça me remettrait presque à l'endroit, il vient d'arriver, il a l'air frais, hyper heureux, un bonheur partagé !
On commence tous à s'inquiéter pour ceux qui sont encore en montagne, encore en course. Des averses de grêle sont annoncées maintenant par le staff à demeure qui fait planton après le tunnel.
L'organisation semble tendue, on l'est aussi, l'ambiance dans la salle se fait plus silencieuse, plus pesante.
On apprend que le téléphérique est aussi stoppé et n'assurera pas la descente des coureurs tant que les rafales de vent ne cesseront pas.
Je ne me sens pas au meilleur de ma forme, j'ai maintenant assez froid. J'ai pourtant enfilé la doudoune et le gore tex par dessus mais je frissonne. Je m'allonge sur un banc de bois, recroquevillé, attendant sans savoir le temps que cela pourra durer, la prochaine série de bennes pour la descente.
Je m'endors..... réveillé en sursaut par Ursula qui me demande de me dépêcher pour chopper la prochaine télécabine, le téléphérique est à nouveau mis en service, on peut descendre.
C'est un fantôme qui se lève fébrile en titubant sur les premier mètres, pas franchement réjoui par l'idée de retourner dehors où maintenant la température a vraiment chuté.
La porte de l’œuf s'ouvre, on y monte un peu à la hâte suivant le mouvement du module qui ralentit sa course avant de refermer ses portes.....et d'amorcer un joli mouvement de balancier dans le noir profond de la montagne. Je dois dire à Ursula que ça ne va pas, et, le temps de me passer un sac de congélation vide......je le remplirai du bouillon des Gnocchi avalé juste avant. Ok, j'ai compris, on va devoir patienter pour la réhydratation et reprendre des forces.



Il me faudra attendre la deuxième moité de la nuit pour pouvoir à nouveau arriver à boire de l'eau sans la rejeter, une eau dont j'ai l'impression de sentir son effet immédiat tellement c'est bon de pouvoir boire à nouveau. Sans doute la meilleure eau du monde !



Le lendemain matin, le réveil se fait de très très bonne humeur, je me redresse en sortant de la tente, et, comme par miracle, ne souffre d'aucun maux. Je vais super bien ! Pas même mal aux cannes, juste une faim de loup et une joie immense, celle d'avoir réussi à boucler cette épreuve malgré les problèmes rencontrés.
Le petit déjeuner me laissera son lot de surprises, avec un palais refusant catégoriquement la confiture, irrité au maximum, comme à vif.
Il est temps de s'organiser pour la cérémonie de remise des prix qui à lieu sur la place centrale à 11h30. Cette année, je ne veux pas la louper. Un petit détour par l'école où on récupère le vélo et les sacs de la veille puis on se retrouve à pied dans les rue piétonne pour déboucher sur la place. Là, c'est juste bon de s'y retrouver, avec l'ensemble des heureux finishers, certains n'ayant pas pu boucler la course, bloqués par la tempête de la veille sont aussi là, certainement frustrés à un point......

Bärbel et Harald  Crédit photo Ursula Perrier

On se retrouve avec les coureurs qu'on a côtoyés la veille, tous ont un mot à partager, tous sont aux anges, la famille du StoneBrixiaMan est réunie, la cérémonie peut commencer.
Crédit photo Ursula Perrier
Un discours d'ouverture présente la course pour ceux qui, comme ces touristes traversant la place, ne sauraient pas ce pourquoi nous sommes là. La cérémonie, dans la logique de la course, ne fait pas de réel classement, donc, pas de podium et, ce qui est très appréciable, l'insistance de Francesco sur le fait que la victoire, c'est celle de chacun, d'avoir su aller jusqu'au bout de l'épreuve, quel que soit son niveau, quel que soit le temps d'arrivée.
Crédit photo Ursula Perrier

Alors bien entendu, on sait aussi apprécier la performance énorme des premiersr, des temps à faire pâlir un indien, des vraies prefs de vrai sportifs qui pour autant restent d'une humilité inattendue. Le monde des « Xtreme » reste un monde à part !



Au lieu d'un podium, c'est l'ensemble des finishers qui sera appelé, un(e) par un(e) pour recevoir de la main de Francesco une pierre, symbolique, objet obsolète par définition, mais qui pourtant représentera vraiment cette réussite. Comme l'année passée, cette pierre sur laquelle est gravée notre nom, est la Pierre dans laquelle les sculptures rupestres dont l'icone de la course fait partie, on été gravées en Valle Camonica.
La cérémonie de l'appel des finishers va donc pouvoir commencer. Je suis un peu dans ma bulle à la description que je ne comprends pas vraiment, faite en italien par Francesco, du premier athlète à devoir monter sur l'estrade pour recevoir sa pierre...mais en sors aussitôt quand la précision est faite de cet ami qui vient de France... « Nicolas Perrier ».... Naaaaannnnnn, mais quelle surprise, et quel honneur Francesco, tu m'as fait là ! J'en suis encore baba ! Vrai de vrai.
Crédit photo Ursula Perrier

Crédit photo Ursula Perrier

Le pas se fait rapide pour rejoindre l'estrade à une dizaine de mètres, à la fois fier et gêné....la remise de la pierre se fait en silence, une émotion palpable se dégage de cette remise. On l'aura compris, le mot – émotion – est sans aucun doute celui que l'on retrouvera le plus souvent dans ce compte rendu.( avec vomito?!)
Crédit photo Ursula Perrier


Crédit photo Paolo Ferraglio

L'ensemble des finishers recevra donc sa pierre, l'estrade alors remplie, c'est sur un « We Are the champions » de « the queen » ( https://www.youtube.com/watch?v=hSTivVclQQ0) que s'achèvera la cérémonie, pierre tendue vers le ciel et larme à l 'œil. Heureux !
Et comme l'année dernière, on se dirigera vers l'hotel Mirella où nous attend un buffet royal, une fois de plus, digne d'un buffet de mariage, offert pour les athlètes et leurs accompagnateurs (!) par l'organisation. Un régal, même si je me choppe des crampes dans les mains en tenant la fourchette (si si) sans doute à cause des bâtons et d'un corps encore bien chargé en lactique !

La fête arrive à sa fin, pour autant sans rupture radicale......tout en douceur, on se sépare des autres coureurs, de leurs accompagnateurs....il faudra aussi quitter Ponte Di Legno.....et l'Italie. Dolce Vita, tu vas nous manquer!





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