mardi 26 août 2014

Embrunman 2014: L’après course


Un spectateur me donne raison, ses Oakley vissées sur le crane, il me dit qu’il faut savoir renoncer, renoncer avant d’aller trop loin, que c’est un signe d’intelligence etc….. C’est bien sûr exactement ce que j’avais envie d’entendre, me confortant dans ma pleutrerie. Il en avait fait 5 et bâché 2….pour ne pas se mettre minable ! Je lui réponds que, effectivement, c’est comme en montagne, il faut savoir renoncer, ça me donne une raison positive de bâcher à mon tour pour la toute première fois de mon existence sportive. Je m’écarte alors, sûr d’avoir fait le bon choix. Agnès me propose de faire une pause chez eux, ce que je fais, c’est à 100m. Dans leur appartement, Max était déjà là. Il est surpris de me voir. Je lui dis que je n’ai pas fini. Il me demande si on fera quand même la ligne ensemble…je lui réponds que ce n’est plus possible, que la course est terminée pour moi. Il ne comprend pas bien mais se retourne et repart jouer.
On me propose un thé chaud, celui dont je rêve depuis des bornes, représentant officiel de mon rétablissement l’an dernier et synonyme de confort absolu. J’y trempe mes lèvres mais un spasme nauséeux m’oblige à demander la direction des toilettes….je n’y vomirais en fait qu’un verre d’eau. Le thé est ensuite bu avec plaisir et mon « resserrement de gorge » se dissipe quasiment aussitôt. Ursula, Bärbel et Harald nous rejoignent.
Après une petiite heure, on se prépare à partir. Logistiquement, Agnes me propose de me reconduire en voiture jusqu’au parc de transition puisque je dois aller y rechercher mon vélo.
Je refuse au départ pour finalement accepter quand en attendant dehors je me mets à frissonner. Il n’est pas loin de 19h00 et la température baisse à nouveau. Ursula me donne sa veste et je monte dans la voiture. Le parc est rejoint en 10 min. Je ne réalise pas encore quelles seront les conséquences de cet abandon, persuadé d’être dans le juste et soulagé d’avoir échappé à un monstre, celui qui m’attendait après la ligne d’arrivée pour me croquer tout rond.
On se dit au revoir, je rentre dans le parc avec l’impression que sur mon front est écrit « NON finisher », honteux face aux mecs que je croise avec la médaille autour du cou. Je trace jusqu’à mon emplacement, commence à rassembler mes affaires quand j’entends « Antony Bavouzet, To be sport » dans le micro du speaker. Je me réjouis, Anthony vient de passer la ligne. Lui aura eu la niaque et sera allé jusqu’au bout. On discute 10min. il a beaucoup donné sur l’épreuve.

Les affaires sont empaquetées, Ursula m’attend de l’autre côté de la grille. Je rends ma puce, le gars me dit « félicitation » croyant certainement que j’avais fini, mais je ne le mérite pas et lui dit que j’ai plié au 30 ième à pied. J’ai fin et m’arrête au stand d’après course pour demander quelques morceaux de fromage alors qu’une heure et demie avant je m’imaginai ne plus pouvoir avaler quoi que ce soit pendant 24h. Le tour du parc est fait, on met le vélo dans le Traffic et on remonte au camping. En sortant de la voiture, les voisins de camping m’applaudissent…je suis aussi obligé de leur dire que j’ai bâché au trentième….
Après quoi, la logistique de fin de course commence, aller prendre une douche, froide comme d’habitude sur ce camping, avec 12 °C sous un toit hyper ventilé, ranger des affaires, trier les affaires à laver, se préparer pour le repas du soir. J’ai la dalle et mange avec plaisir un repas normal.
La nuit tombe et il est temps d’aller se coucher. La nuit sera bien dormie mais je me réveillerais tôt, gambergeant sur ce que je n’identifie plus du tout comme la décision qu’il fallait prendre mais la plus stupide des décisions que j’ai jamais prise, au constat de ma forme que j’ai le malheur de constater comme excellente. En effet, pas mal où que se soit, ma sortie de la tente me laisse pantois, et quand Harald qui est aussi dehors me demande comment ça va, c’est sur une intonation des plus désagréable que je lui réponds « ça va trop bien », et je réalise la bêtise de ma fin de course d ‘hier, mon abnégation insensée car je n’ai pas de ressenti de fatigue lourde, pas plus qu’après une sortie longue en vélo sur les entraînements. Je sens mes cuisses, bien sûr, mais c’est à peu près tout.
 Je réalise surtout maintenant dans quel état mental je m’étais mis et contraint alors que le corps était en état de continuer, sans problèmes, avec une préparation adaptée et un état de forme suffisant pour boucler sans buter contre ce fameux mur que mon psycho aura si bien su construire.
J’étais même prêt à boucler ces 12Km pourris le jour même pour tourner une page mentale sur cette épreuve mais la logistique de la journée ne me l’a pas permis.
A midi, on ira manger un morceau dans la vieille ville, les teeshirt de finisher sont partout….quelle frustration ! On prendra ensuite le bout de route pour se rendre à Arvieux où nous passerons la semaine en famille.

Le lendemain, je faisais les 8 derniers KM de L’Izoard en Vélo Avec Ursula après une randonnée en montagne le matin.


Le surlendemain remettant ça depuis Guillestre en aller-retour depuis Arvieux, là aussi après randonnée en montagne le matin, le mercredi, rando avec 1300m de D+ et……chute d’un bloc de pierre sur le pied droit, m’écrasant le pied et cassant l’os du quatrième métacarpien, m’obligeant à descendre les 9km et 1000m de dénivelée dans une douleur abominable. ….bien plus dure à supporter que ce que mes pseudos états d’âmes du 15 Août on construit comme maladie. Bilan de cette nouvelle épreuve: quand on veut, on peut. La volonté permet de déplacer des montagnes (paraît-il)

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